Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Où sont passés nos marins?
Deux évènements au moins nous lient à la Somalie. L’aide humanitaire à un peuple appauvri par les guerres civiles, signe d’une indispensable solidarité qui fait partie de nos mœurs et l’affaire dite des «marins algériens». Sur l’aide humanitaire qui s’élève selon le MAE à 10 millions de dollars et malgré une précarité galopante des Algériens, personne n’aura à redire. Ce serait de l’indécence. Par contre, des interrogations sont autorisées sur le sort de nos 17 marins
détenus par les pirates somaliens, exigeant en contrepartie de leur libération une rançon qui s’élèverait selon certaines sources à 7 millions de dollars, faute de quoi ils seraient exécutés. La vie de nos concitoyens n’ayant théoriquement pas de prix, la logique voudrait qu’un compromis soit trouvé pour ramener nos marins à leurs familles avec la contribution de l’Etat somalien ou en négociant directement avec ses pirates, malgré la position de l’Algérie sur la question des rançons. Dans un communiqué de notre ministère des AE, il est dit que «tous les membres de l’équipage algérien du vraquier MV Blida, qui avait fait l’objet début janvier d’un acte de piraterie, sont « sains et saufs » et l’information au sujet de la mort d’un marin est fausse». Même si cette information provient des canaux officiels, les familles sont en droit d’être informées sur le sort de leurs membres et sur les dispositions à prendre d’une manière ou d’une autre. Cela fait tout de même presque neuf mois que cette affaire traîne. Nous savons pertinemment comment les Français et autres gouvernements européens traitent ce genre de question, tout en restant dans la légalité internationale. Ils font tout simplement appel à des fonds privés pour préserver la crédibilité de l’Etat. On n’ira pas jusqu’à solliciter les «riches» algériens pour mettre la main à la poche, mais l’autre solution voudrait qu’avec la collaboration de l’Etat somalien, on puisse mener une opération militaire pour libérer les nôtres. Face à la piraterie, quelles solutions reste-t-il? Il s’agit de 17 pères de familles qui ont choisi un métier devenu dangereux, sans autre alternative. Et si les pouvoirs publics en charge de cette question considèrent leur démarche de libération plus porteuse en solutions qu’ils le disent. Il n’y a pas pire torture pour les familles des marins que l’absence d’informations, particulièrement en plein mois de Ramadhan. Il ne suffit plus d’annoncer comme l’a fait le ministre délégué aux Affaires Maghrébines que «nous travaillons dans la discrétion avec nos partenaires et nos ambassades pour la libération des otages algériens détenus depuis le début de cette année en Somalie», mais d’agir et vite.
29 août 2011
Contributions