
Lundi 29 Août 2011
Pole&mic
Par Farida T.
Algérie, mon (dés)amour
Finalement,
il suffit de voir sans lunettes de presbytie ou de myopie, l’amour des
Algériens pour leur pays pour admettre que l’amour de la mère patrie
est un Amour inexpliqué et inexplicable qui ne s’encombre nullement
d’arguments et qui ne se situe sûrement pas dans les méandres
impénétrables de la raison. Amour de la Mère-Patrie, Sûrement. Le
premier et le dernier amour après celui de Dieu. Non que l’Algérie en
tant que parcelle sur la planète terre, aux reliefs de Dunes et de
montagnes, aux couleurs de mer et d’argile et aux cultures séculaires
hétéroclites soit indigne de cet amour, mais, c’est plutôt ce que
l’Etat algérien a consenti à en faire, de ces dons du Ciel, qui menace
la pérennité de ce sentiment, de cette relation, autrefois, naturelle. A
force de collectionner les innombrables déceptions et les amères
frustrations, il est tout à fait normal que ce grand amour atavique,
désintéressé, nourri aux seins asséchés du devoir, du sacrifice, de
l’idéologie progressiste et du chauvinisme finisse par s’étioler,
s’effriter et dépérir pour ressembler au final à une relation
illégitime qui ne survivra qu’en obéissant aux principes machiavéliques
de la fin qui justifie tous les moyens, même les plus odieux où tout
Algérien ne voudra aimer sa mère que moyennant contrepartie, l’amour
n’est plus gratuit. Même celui de la Mère patrie. L’algérien a été
sevré. Il ne veut plus réciter et chanter bêtement un hymne dont il ne
reconnaît plus les montagnes infestées. Il ne veut plus chanter une
pseudo liberté recouvrée qu’il n’a jamais ressentie. Les jeunes
Algériens ne veulent plus être sacrifiés. Ils veulent avoir le choix du
sacrifice, quitte à mourir en haute mer. Peut-on en vouloir à ces
jeunes de ne plus autant aimer l’Algérie? Comment peut-on les dissuader
de trouver en l’extrémisme la seule alternative à leur désarroi? La
religion n’est-elle pas l’opium du peuple? A fortiori un peuple malade
et souffrant, un peuple déchiré et qui se déchire. A-t-on le droit de
continuer de demander à des milliers d’universitaires chômeurs d’aimer
cette patrie qui les renie? Ou à ses milliers de familles sans
logements de «louer» les bienfaits de la Mère patrie? Peut-on
solliciter à d’éminents cerveaux, universellement reconnus, sauf par
leur pays, de revenir, sous prétexte que nul n’est prophète dans son
pays, de faire fi du matériel et que la reconnaissance sera Divine?
Peut-on, sans sourciller, demander à de jeunes civils de partir, sans
armes, en guerre contre des terroristes que même une armée nationale
n’a pu endiguer? Oserons-nous prétendre ignorer l’origine de ce
désamour? Honnêtement, non. Le moindre mal, serait encore de continuer
de faire semblant, comme dans un vieux couple que trop d’intérêts
empêchent de se séparer et de couper les ponts.
29 août 2011
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