Se marier à Oran |
Info Soir : 11 – 08 – 2003 |
Quand deux jeunes tourtereaux décident de convoler en justes noces à Oran, ce sont les familles traditionnellement qui mettent la main à la pâte et le plus souvent à la poche.
Avant même les premières manoeuvres d’approche, les familles commencent par se renseigner les unes sur les autres.
Et quelles meilleures sources d’information aujourd’hui que le hammam, la coiffeuse, les voisins et bien sûr les lieux de travail où les ragots et quelquefois les médisances ne sont pas gratuits.
Une fois rassurés sur la respectabilité de la future belle-famille, les parents du candidat à la corde forment une délégation et vont demander la main du petit «trésor». Bonbons, dragées, pâtisserie et fleurs accompagnent le wafd qui a parfaitement noté son discours et donc capable de rehausser l’image de son prétendant.
Après moult palabres autour d’une tasse de thé qui tourneront essentiellement autour de l’éducation de la petite et des qualités morales du petit, les deux familles conviennent d’un second rendez-vous, deux semaines plus tard pour l’accord de principe et éventuellement fixer les conditions concrètes des uns et des autres.
Le même wafd, mais cette fois légèrement plus important, retournera aux nouvelles à la date communément fixée.
Là aussi palabres, gâteaux aux amandes, paroles mielleuses de part et d’autre.
Et quand tout est épuisé, l’actualité et les gâteaux aux amandes, la mère de la dulcinée annonce alors sur un ton théâtral que le soupirant est agréé.
Des youyous fusent de partout, même de la cuisine. Il y en aura beaucoup moins lorsque les conditions du contrat seront égrenées une à une, à savoir une robe haute couture, deux robes Fergani, un sac, une paire de souliers qui doivent constituer ce qu’on appelle «tbaq».
Il faudrait y ajouter deux moutons, sinon trois, pour les fiançailles.
Quant à la dot proprement dite, elle est fixée unilatéralement par les parents de la future épouse : elle varie en général entre une parure et une paire de bracelets pour les mariages à petits revenus et «cravache boulahya à sept têtes», une ceinture en or, la parure, les bracelets et même pour les plus nantis, la Mercedes.
L’époux, qui est déjà saigné à blanc, doit également prévoir deux moutons pour ses fiançailles, une chambre à coucher, un orchestre et une troupe kerkabou pour le cortège nuptial.
Des excentriques préfèrent voir leur rejeton se présenter à sa bien-aimée sur un cheval blanc, le burnous flottant au vent.
D’autres évitent à leur fille la sempiternelle robe blanche et, par coquetterie, optent pour une «chedda» tlemcénienne ou même mostaganémoise.
28 août 2011
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