Edition du Dimanche 28 Août 2011
L’interprète de Ki-Bareh Ki Lyoum a répondu à nos questions sans détours.
Liberté : Vous avez chanté avant-hier à Batna. C’est un retour après des années d’absence de la scène artistique. Comment est née l’idée de l’organisation de ce gala ?
Youcef Boukhenteche :
des amis ont souhaité rendre hommage à notre ami, le défunt Mohamedi Lamine, dit Miminou, l’inspecteur de français, décédé il y a une année. Ils m’ont contacté et m’ont fait la proposition d’organiser un concert et j’ai accepté. Les répétitions ont commencé aussitôt dit. La troupe qui m’accompagnait est constituée essentiellement d’anciens amis. De plus, ça permet à tout le monde de se retremper dans l’ambiance d’autrefois.
Certains parlent de votre retrait, d’autres de votre retour. Qu’en dites-vous ?
Laissez-moi vous dire qu’il n’y a ni retrait ni retour. Je suis toujours dans le domaine de la musique, je n’ai jamais rompu les amarres avec la musique. Je continue à m’y exercer, à écrire et à chanter. Lâcher la musique ne fait pas encore partie de mes intentions. Tant que l’envie, l’inspiration et la voix ne me quittent pas, je continuerai toujours à faire de la musique. Certes, il y a longtemps que je ne me suis pas produit sur scène et à la télévision, mais sachez que je ne me suis pas arrêté d’écrire et à enregistrer en studio, sans toutefois les donner à la radio ni à la télévision. Je les garde encore pour moi, mis à part quelques-unes qui ont été remises à la radio de Batna. L’essentiel c’est que je ne me suis pas retiré, toutefois j’ai pris de la distance face aux chaos et désordre qui règnent dans le milieu musical. Également, je n’ai pas trouvé des chansons qui correspondent à mon style et à mon goût.
Pourriez-vous nous faire une évaluation succincte de la chanson à Batna ?
Une évaluation ? Non, je préfère faire une petite comparaison en fonction de ma petite expérience durant mes quarante ans dans le domaine de la musique et de la chanson. Autrefois, uniquement à la ville de Batna, malgré le peu de moyens qui existait, on ne comptait pas moins de 15 troupes musicales qui jouaient tous les genres : maalouf, chaâbi, kabyle, chaoui, musique moderne, musique diwane, musique tunisienne, orientale et autres. Maintenant, les choses ont beaucoup changé, de peur de dire régresser, bien que la ville de Batna dispose du meilleur Institut régional de formation de musique et qu’il jouisse de tous les moyens humains et matériels. Il y a une hémorragie quelque part, il faut l’arrêter. L’argent a altéré les mœurs artistiques. L’atmosphère qui existait autrefois était franchement meilleure.
Comment ?
Il faut une volonté politique pour redynamiser la chanson qui peine à percer, à rivaliser avec les chansons arabe et universelle. Il faut éviter la censure et laisser les chanteurs s’exprimer librement et les gens choisir. Il faut un travail à la base. Les médias lourds doivent également encourager les véritables professionnels qui font de l’excellent travail de qualité et s’abstenir d’encourager la médiocrité.
http://www.liberte-algerie.com/imp.php?id=161746
28 août 2011
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