Suspense
Résumé de la 83e partie : Au regard jeté par Cynthia à Mary Cavendish, Hastings comprend qu’il existe peu de sympathie entre ces deux dames…
Au diable tous ces détectives ! Je ne sais ce qu’ils cherchent. Ils ont fouillé toutes les chambres de la maison et ont tout mis sens dessus dessous. C’est un peu fort ! Ils ont dû profiter de ce que nous étions tous sortis. Je dirai ce que je pense à ce Japp, la prochaine fois que je le verrai.
— Tas de fouineurs ! grogna Miss Howard.
Laurence objecta qu’ils étaient obligés de faire semblant d’agir.
Mary Cavendish ne dit rien.
Après le thé, j’invitai Cynthia à faire une promenade, et nous nous dirigeâmes en flânant vers les bois.
— Alors ? interrogeai-je dès que l’écran feuillu nous eut mis à l’abri des regards indiscrets.
Cynthia s’assit à terre en poussant un soupir. Elle enleva son chapeau, et le soleil, filtrant à travers les branchages, transforma ses cheveux roux en une masse d’or scintillant.
— Monsieur Hastings, vous êtes toujours si bon et vous savez tant de choses.
A cet instant, Cynthia me parut vraiment une jeune fille charmante. Beaucoup plus charmante que Mary qui ne disait jamais des phrases de ce genre.
— Eh bien ! dis-je avec bienveillance, en voyant qu’elle hésitait.
— Je veux vous demander votre avis. Que vais-je devenir ?
— Devenir ?
— Oui. Vous comprenez, tante Emily m’avait toujours dit que mon avenir serait assuré. Je suppose qu’elle a oublié, ou bien peut-être n’a-t-elle jamais songé qu’elle pourrait mourir ?… Toujours est-il qu’elle n’a pris aucune disposition à mon sujet. Et je ne sais que faire. Croyez-vous que je devrais quitter Styles tout de suite ?
— Juste ciel ! Non ! Je suis certain qu’ils ne désirent pas se séparer de vous.
Cynthia hésita un instant, arrachant des brins d’herbe avec ses petites mains. Puis elle dit :
— Mrs Cavendish le désire. Elle me déteste.
— Elle vous déteste ? m’écriai-je, étonné.
— Oui. Je ne sais pourquoi, mais elle ne peut pas me supporter. Ni lui non plus, du reste.
— Là, vous vous trompez, dis-je chaleureusement. Au contraire, John a beaucoup d’amitié pour vous.
— Oh ! oui, John ! Je voulais parler de Laurence.
Non pas que je me soucie le moins du monde que Laurence me déteste ou non. Mais enfin, c’est assez pénible de sentir que personne ne vous aime.
— Mais si, on vous aime, Cynthia chérie, dis-je sincèrement. Je suis certain que vous vous trompez. Voyez, il y a John et Miss Howard.
— Cynthia hocha la tête assez mélancoliquement.
— Oui, je crois que John m’aime bien, et Evie, malgré sa rudesse, ne ferait pas de mal à une mouche. Mais Laurence ne me parle jamais, s’il peut éviter de le faire et Mary est à peine polie avec moi. Elle désire qu’Evie reste ici, – elle l’a même suppliée de rester – mais elle ne veut pas de moi, et je ne sais où aller.
La pauvre enfant éclata tout à coup en sanglots. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
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28 août 2011
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