Suspense
Résumé de la 82e partie : Hastings craint que le Dr Bauerstein n’ait agi un ou des complices…
Il y a encore une chose, dit John tout à coup (et le son de sa voix me fit tressaillir). Une chose qui me fait douter de l’exactitude de vos suppositions.
— Et qu’est-ce donc ? demandai-je, trop heureux qu’il ne revint pas sur le problème de savoir comment le poison avait pu être introduit dans le cacao.
— Le fait que Bauerstein a demandé une autopsie. Rien ne l’obligeait à le faire. Le petit Wilkins se serait volontiers contenté de certifier que la mort était due à une crise cardiaque.
— Oui, dis-je avec hésitation. Mais nous ne savons pas. Peut-être juge-t-il plus prudent d’agir ainsi, en fin de compte. Quelqu’un aurait pu jaser plus tard, et le Home Office ordonner une exhumation. Dans ce cas, il se serait trouvé dans une situation bien embarrassante, car personne n’aurait admis qu’un homme de sa réputation ait pu se tromper au point d’attribuer la mort à une maladie cardiaque.
— Oui ça, c’est possible, admit John. Pourtant, je veux être pendu si je vois à quel mobile il a pu obéir !
Je tremblai de nouveau.
— Mais, dis-je, je me trompe peut-être tout à fait. Et n’oubliez pas que je vous ai parlé confidentiellement.
— Oh ! Cela va sans dire !
Tout en discutant, nous avions continué de marcher, et nous franchîmes maintenant la grille menant au jardin. Des voix s’élevèrent très près de nous, car le thé était servi sous le sycomore, comme le jour de mon arrivée.
Cynthia était revenue de l’hôpital. Je plaçai ma chaise près de la sienne, et lui fis part du désir de Poirot de visiter le dispensaire.
— Entendu. Je serai ravie de le lui montrer. Qu’il vienne donc goûter, un jour. J’arrangerai cela avec lui. C’est un si charmant petit homme. Mais qu’il est drôle ! Figurez-vous que l’autre jour il m’a obligée à enlever cette broche qui retient ma cravate et à la remettre, sous prétexte qu’elle n’était pas droite.
Je me mis à rire.
— C’est une vraie manie chez lui.
— Oui, n’est-ce pas ?
Nous demeurâmes silencieux quelques instants, puis, après avoir jeté un regard dans la direction de Mary Cavendish, Cynthia me dit en baissant la voix :
— Oui.
— Je voudrais bien vous parler, après le thé.
Son regard jeté à Mary m’avait donné à réfléchir. Je comprenais qu’il existait peu de sympathie entre ces deux femmes, et, pour la première fois, je songeais à ce que serait l’avenir de la jeune fille. Mrs Inglethorp n’avait pris aucune disposition à son égard, mais je m’imaginais que John et Mary insisteraient pour la garder auprès deux, en tout cas, jusqu’à la fin de la guerre.
Car je savais que John avait beaucoup d’amitié pour elle et qu’il la verrait partir avec regret.
Sur ces entrefaites, John, qui était rentré à la maison, reparut tout à coup. Son bon visage était contracté par la colère. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
http://www.infosoir.com/editarchive.php?lejour=25&lemois=8&annee=2011&id=131143
28 août 2011
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