Ainsi va la vie
Résumé de la 8e partie : Le bébé que les nouveaux voisins en détresse ont confié, une nuit, à Fatma, ressemble étrangement au bébé qu’elle a abandonné, trente ans plus tôt, dans un hôpital.
Les parents du petit sont revenus vers minuit, leur fille, qui a reçu les soins nécessaires, est hors de danger. Fatma aurait bien voulu garder l’enfant, mais il fallait le rendre à sa mère.
— C’est un beau bébé, dit-elle. Il vous ressemble un peu !
— C’est surtout à son père qu’il ressemble ! dit la mère.
Une fois dans son lit, Fatma va répéter cette phrase : «C’est à son père qu’il ressemble !» Il est naturel qu’un garçon ressemble à son père, mais comme ce garçon ressemble au garçon qu’elle a autrefois abandonné, elle se demande si… Elle secoue la tête. Non, son idée est absurde !
«Mais si, mais si…» se dit-elle tout de même.
Oui, il n’est pas interdit, dans son for intérieur, de rêver… Et si le fils qu’elle a abandonné a survécu ? Les médecins lui avaient dit qu’il avait le pied tordu, parce que la femme qui l’avait accouchée, avait tiré le bébé avec brutalité, mais ce n’est pas une infirmité qui tue… L’enfant a bien pu être recueilli par quelque âme charitable et élevé. Il a fait des études et s’est marié… Et la providence l’a remis sur sa route en le faisant habiter près d’elle !
Non, tout cela n’est pas impossible, mais comme cela semble incroyable !
Elle sursaute. Il lui faut voir le père de cet enfant. Elle doit voir à quoi il ressemble, s’il a les traits de son bébé – elle n’imagine pas que le bébé a maintenant 30 ans – s’il a, comme son fils, une excroissance à l’oreille et surtout s’il a de séquelles de sa naissance : une claudication, par exemple !
Athmane, son mari, est allé, tout à l’heure, dormir dans le salon, pour laisser sa place au bébé, et une fois le bébé parti, elle n’a pas voulu le réveiller. Comme elle voudrait qu’il soit à ses côté et bien réveillé, pour l’interroger. Il a vu, lui, le père du bébé, il sait donc s’il boite ou pas !
Un doute la traverse encore : si l’homme était affligé d’une infirmité quelconque, Athmane le lui aurait dit. L’homme ne boite donc pas, l’homme n’est pas son fils !
«Mais mon fils ne boite pas forcément ! Son pied tordu, on l’a peut être redressé, à l’hôpital !» Les espoirs sont donc de nouveau permis…
La pauvre femme, épuisée par l’émotion, finit par s’endormir.
Au matin, c’est Athmane qui vient la réveiller.
— Le petit est parti ? demande-t-il
— Oui, ses parents sont revenus… Je ne voulais pas te réveiller.
— Et la fillette ?
— Elle va mieux !
— Tant mieux, dit Athmane, je vais préparer le petit déjeuner.
Fatma l’arrête.
— Dis-moi, notre voisin, il m’a semblé qu’il boitait.
— Oui, dit Athmane, je crois qu’il a un pied bot. Je ne te l’ai pas dit ?
— Non, dit Fatma atterrée. Tu ne sais pas ce qu’il a ?
— Non, mais je suppose qu’il est né comme ça !
Elle murmure.
— C’est extraordinaire !! (A suivre…)
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28 août 2011
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