Au coin de la cheminée
Résumé de la 1re partie : Tous les éléments de la nature (vent, pluie, soleil…) ont décidé de s’acharner sur ce pêcheur qui rentre chez lui…
Il hurla, rugit, à ses oreilles, il ploya les branches des arbres, coucha l’herbe sur la terre, emplit le ciel de gros nuages gris et noirs qui ne tardèrent pas à crever en averse.
La pluie rageuse cinglait le sol. Le vent secouait avec force toute la nature.
Et cependant, plus il s’acharnait, plus il tempêtait, soulevant follement les pans de la pèlerine du marcheur, plus le marcheur s’enroulait dedans.
Il avait jeté son bâton et tenait le tissu de son vêtement à deux mains pour que le vent ne le lui arrachât pas des épaules.
Notre homme était marin et des tempêtes, il en avait vu beaucoup.
Aucune d’entre elles ne l’avait empêché de monter tout en haut du mât de misaine. Le vent, il le connaissait bien et n’en avait pas peur. Tête baissée, dos rond, il avançait sur le chemin en cramponnant fermement sa pèlerine. Au bout d’une heure de hurlements et de colère, le vent, épuisé, s’éteignit. Il n’avait pas réussi à ôter sa pèlerine au voyageur.
Alors le soleil s’éclaircit la voix et dit :
— Hem ! Hem ! A mon tour. On va voir ce qu’on va voir.
Il se concentra en silence. On vit le ciel à l’Est, rougir intensément.
Les nuages disparurent. Les gouttes de pluie accrochées un peu partout scintillèrent de mille feux et un bel arc-en-ciel apparut, enjambant comme un pont magique le village vers lequel se dirigeait le voyageur.
Puis toute la création, du plus modeste bouton de fleur au plus grand arbre, resplendit d’or. Notre homme s’arrêta pour contempler ce spectacle magnifique. Le souffle coupé, il regardait le ciel pur et les oiseaux tout là haut qui volaient gaîment, les prés, les champs, baignant dans la lumière irréelle du soleil. Et toute cette beauté, autour de lui, lui troublait un peu l’esprit. Il secoua la tête et reprit sa route.
Après quelque temps, comme le soleil continuait à briller et à chauffer la terre de tout son pouvoir, notre homme déboutonna sa pèlerine du haut en bas. Enfin, au bout d’un kilomètre ou deux (il arrivait près des premières maisons de son village), comme la chaleur montait toujours, et qu’il suait abondamment, il finit par enlever cet encombrant vêtement et le posa sur son bras.
Ainsi, le pari que la rudesse du vent perdit, la douceur du soleil le gagna. Le rire tonitruant du soleil qui se moquait du vent, se confondit avec les notes des premières cloches qui carillonnaient Pâques, le retour de la lumière, de l’amour, de l’espérance.
Raconté par Alain Moreau
http://www.infosoir.com/editarchive.php?lejour=27&lemois=8&annee=2011&id=131182
28 août 2011
1.Contes