Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Prudence ou laxisme?
Vérités et contrevérités sur la situation en Libye occupent l’espace médiatique et diplomatique, alors que Tripoli tombe entre les mains des opposants, pendant que Kadhafi court toujours zenga zenga, dar dar, se contentant de quelques messages radio, pour inciter ce qui lui reste comme partisans,
à continuer le combat. La confusion est assez grande pour nous rappeler qu’il s’agit d’une révolte populaire contre 42 ans de confiscation du pouvoir, même si les avis sont partagés sur le rôle des grandes puissances via l’OTAN. Il ne s’agit plus de s’interroger sur les intentions des puissants de ce monde envers l’avenir de la Libye, elles sont d’une clarté aveuglante. Les puissants veulent le rester et l’opportunité d’un redéploiement du capital international, dans un pays aussi stratégique et aussi riche que la Libye, ne sera pas ratée. C’est évident. D’ailleurs, Kadhafi a offert le pays sur un plateau dans les derniers moments de son règne sans partage, sauf qu’il n’a pas su en tirer profit pour moderniser l’Etat du fait de son arrogance et de son discours guerrier. Il reste que l’Algérie parait plongée dans un laxisme diplomatique d’un ni oui ni non qui laisse des zones d’ombre. Un communiqué de notre MAE s’adresse au CNT de Abdeljallil pour lui demander des excuses après des accusations, alors que l’Algérie ne reconnaît pas le CNT comme représentant légitime des « insurgés ». Reuters annonce que l’Algérie conditionnerait sa reconnaissance de l’organe de transition par son engagement à s’inscrire dans la lutte contre l’AQMI. L’Algérie réplique par un communiqué officiel en réfutant cette information 48 heures plus tard. La Ligue arabe se réunit à Doha et reconnaît le CNT comme occupant officiel du siège réservé à la Libye à la majorité de ses membres (et non pas à l’unanimité) sans aucune information sur la position de notre pays dans les canaux officiels. Cela laisse la place à toutes les suppositions alors que les Libyens s’acheminent vers une nouvelle configuration politique qui tiendra compte des relations futures avec ses voisins. Et nous sommes ses voisins les plus en vue avec nos 982 km de frontière. Nous sommes donc condamnés à nous déterminer et rapidement pour éviter toute mauvaise interprétation des intentions nombreuses qui nous sont prêtées. La presse nationale et internationale s’affole, les médias lourds arabes et occidentaux ne comprennent pas, allant jusqu’à nous considérer comme alliés potentiels de Kadhafi, nos valeurs historiques nous poussent à nous soumettre à la volonté du peuple libyen. Qu’attend-on pour dire clairement notre position considérant que le soutien de la majorité des Algériens aux «insurgés» est pratiquement acquis? Et même si la prudence est recommandée en diplomatie, le laxisme peut produire des effets contraires à nos intérêts.
27 août 2011
LITTERATURE