Culture :
Le phénomène de la harga ou le drame de l’émigration. S’embarquer sur un rafiot brinquebalant dans l’espoir de recommencer une nouvelle vie. Une chance sur deux : atteindre «l’Eldorado» ou servir de déjeuner aux poissons. C’est sur cette trame que se tisse le roman de Rachid Kahar.
L’Albatros est un petit bar-restaurant situé sur la plage de Sidi Salem. Le patron, surnommé affectueusement tonton par les clients, a son cercle d’amis. Moustache, Momo, Gosto, Rocky… s’y retrouvent pour papoter et surtout rêver d’une autre vie. Arrive Zino (23 ans). Il est originaire du quartier de Bab-El- Oued à Alger et cherche un boulot, dans l’espoir d’épouser Maria, une cousine qui habite Annaba et dont il est fou amoureux. Un jour, une journaliste française débarque sur la plage de Sid Salem. Laurence, c’est son nom, s’intéresse au phénomène des harraga. La journaliste doit réaliser un reportage sur ce sujet, et elle est prête à payer rubis sur l’ongle pour pouvoir rencontrer des passeurs. Avec la complicité de la smala de l’Albatros, Zino lui fait croire qu’une traversée clandestine via une embarcation de fortune se prépare. Laurence jubile. Mais Zino et sa bande se laissent prendre au jeu. Des candidats à l’exil affluent de toute la région de Annaba. Tonton «déterre» un vieux rafiot qu’il utilisait autrefois pour la pêche et l’équipe d’un nouveau moteur. Pour suivre jusqu’au bout cette expédition clandestine, Laurence s’acquitte, elle aussi, de la somme de 50 000 DA, et prend place de nuit à bord de la frêle embarcation. Zino, pour lequel elle nourrit des sentiments amoureux, dirige l’expédition. Les harraga jettent un dernier regard vers la côte avant de se laisser emporter par les flots. «Embrassons donc du regard une dernière fois cette terre que nous aimons tant et qui pourtant nous a pourri la vie depuis notre naissance. Un dernier regard à ce vaste et riche pays qui nous échappe, un pays confisqué par une poignée de sangsues repues qui continuent à le saigner aux quatre veines et qui, à leur image, est devenu étriqué et blême, hérissé d’aspérités qui n’évoquent que le désespoir» (p 160). Les candidats à l’exil, à la recherche de lendemains plus prospères, réussiront-ils à atteindre la Sardaigne ? Vous le saurez en lisant le roman de Rachid Kahar.
Sabrinal
Les naufragés de l’Albatros, Rachid Kahar, 190 pages, 450 DA
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/08/25/article.php?sid=122017&cid=16
25 août 2011
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