XIII. Je dépêchai le maigre souper de Milon, et, sous prétexte d’un violent mal de tête que je m’étais donné à force de pleurer, j’obtins aisément la permission d’aller me coucher. Je ruminais tristement dans mon lit sur mon aventure du jour, quand Photis vint me trouver après le coucher de sa maîtresse.
Je la trouvai toute changée: ce n’était plus son minois éveillé, son propos égrillard. Sa langue hésitait, sa parole était timide. Je suis, dit- elle, je le confesse, la cause de tout le désagrément qu’on vous a fait essuyer. Là-dessus, elle tire de son sein une lanière, et me la présente: Vengez-vous, ajouta-t-elle, vengez-vous d’une femme aussi coupable, ou plutôt infligez- moi quelque châtiment plus rude encore: mais ne croyez pas que j’aie volontairement amené cette cruelle scène. Me préserve le ciel de vous causer la peine la plus légère; puissé-je même, si quelque infortune vous menace, la racheter au prix de mon sang! Ce que j’avais ourdi par ordre et en vue d’un autre, ma funeste étoile l’a fait tourner contre vous.
25 août 2011
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