XII. Après cette modeste réplique, mon front commençant à se dérider, je me donnai de mon mieux l’air agréable; et les magistrats, en prenant leur congé, ne trouvèrent chez moi que politesse et aménité. Un valet arrive alors tout courant, et me dit: Vous avez promis à votre parente Byrrhène d’être aujourd’hui de son souper. L’heure approche; je vous prie de n’y pas manquer.
À ces mots, un frisson me saisit. Je voudrais bien, répondis-je, me rendre aux ordres de ma mère; mais un engagement sacré s’y oppose. Mon hôte Milon m’a fait jurer, par le dieu dont c’est aujourd’hui la fête, de souper avec lui ce soir. Il reste au logis, et ne me permettra pas d’en sortir. Ce sera donc partie remise. Je n’avais pas fini de parler, que déjà Milon m’appréhendait au corps, et m’entraînait aux bains les plus proches, donnant l’ordre de nous y apporter tout ce qu’il nous fallait. Je me serrais contre lui, pour me dissimuler autant qu’il m’était possible , évitant les regards des passants, et très peu jaloux de jouir de la gaieté qu’inspirait ma présence. Dans ma confusion, je me laissai baigner, essuyer et ramener au logis sans savoir comment: tant le souvenir de tous ces yeux, de tous ces doigts braqués ensemble sur ma personne, m’avait en quelque sorte abasourdi
25 août 2011
1.Extraits