XXXII. Mais voilà qu’au premier détour de rue un coup de vent éteint notre unique flambeau, et nous plonge soudainement dans les ténèbres. Nous eûmes mille peines à nous tirer de cet embarras; et ce ne fut que harassés de fatigue, et après nous être meurtri les pieds contre chaque pierre du chemin,
que nous pûmes nous rendre au logis. Nous y arrivions cependant bras dessus, bras dessous, quand trois gros et vigoureux gaillards se lancent avec force contre notre porte. Notre présence, loin de les déconcerter, semble les piquer d’émulation; c’est à qui frappera le plus fort: nous les prîmes, moi surtout, pour des brigands fieffés, et de la pire espèce. Vite je saisis sous mon manteau l’épée dont je m’étais précautionné pour de pareilles rencontres; et, sans marchander, je m’élance au milieu de ces bandits. À mesure qu’il m’en tombe un sous la main, je lui plonge mon épée jusqu’à la garde, et je les étends l’un après l’autre à mes pieds, criblés de coups, et rendant l’âme par de larges blessures. Après cet exploit, tout haletant et baigné de sueur, j’enfilais la porte que venait d’ouvrir Photis, réveillée par le vacarme; une lutte avec le triple Géryon ne m’eût pas épuisé davantage. Je gagnai promptement mon lit, et ne tardai pas à m’endormir.
23 août 2011
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