Qui des waliîne(imprégnés) du malhoun, particulièrement du chaâbi, ne connaît Mohamed Benmsayeb. Abou Abdillah Mohamed Ben’Ahmed Ben’Msayeb est né vers la fin du 17ème siècle à Tlemcen où sa famille, originaire d’Andalousie, s’était installée après la chute de Grenade.
Après des études, à l’école coranique où il apprend le Coran, la grammaire et le fiq’h, mais qui ne durent pas longtemps parce qu’il doit travailler pour aider sa famille le jeune Mohamed intègre un atelier de tissage où il apprend à composer avec les fils et les couleurs, avant de composer des vers et des musiques. Il commencera par écrire pour Aicha, une jeune fille qui venait souvent à l’atelier où il travaillait dont il tombe amoureux et qui deviendra sa muse. Bravant tous les interdits sociaux de l’époque il écrira des poèmes d’amour dans lesquels il désigne la jeune femme de son nom. D’ailleurs ne dira-t-il pas dans un des poèmes qu’il lui a dédié : « Soltane el’hob ett’gha w’djar ânni b’djich kathrat fel hob techwachi. Men Aicha la îcha wa la fi dhanni n’îch rani bel hedjra rachi » Ceci lui vaut la haine de la famille de Aicha qui d’après le poète ne veut pas de lui à cause de sa pauvreté. La famille de la jeune fille va se plaindre aux autorités et Benmsayeb est alors pourchassé et doit fuir au Maroc. Mais, il semblerait que ce ne soit pas la seule raison de sa fuite. A son époque, vers la fin du 17ème siècle, Tlemcen était le centre d’affrontements continus entre les Deys ottomans et les souverains du Maroc. Le poète Benmsayeb prendra, alors, position pour les souverains du Maroc dans plusieurs poèmes où il pleure la beauté et la gloire de la ville de Tlemcen tombée aux mains des ottomans. Dans son exil et après son voyage à la Mecque, le poète change complètement de registre. il ne composera plus que des vers pour implorer la miséricorde divine. Il atteindra un degré de ferveur et de piété proche du soufisme qui lui vaudra la reconnaissance populaire et la clémence des autorités ottomanes qui l’autorisent à revenir à Tlemcen après de longues années d’exil. Et c’est à Tlemcen qu’il décède vers 1768. Il est enterré alors près du mausolée du Cheikh Snoussi. Le répertoire de Mohamed Benmsayeb dépasse les 2000 poèmes. Anis. M. T.
22 août 2011
1.POESIE