Al-Ihssan Dieu dit dans le Coran : « Ô vous, les hommes ! Vous êtes les pauvres devant Dieu. Et Il est le Riche, le Digne de louanges. » (Coran : XXXV-15). En effet Il est Celui qui se suffit à Lui même, alors que toute choses a besoin de lui. Il est celui dont toutes choses se fondent sur Sa Volonté et dont la Volonté ne se fonde sur rien. (hikam). Tout ce qui existe est dans l’indigence la plus complète face à Lui, l’homme vit entièrement dans l’oubli de cette Vérité, baignant dans l’illusion de se suffire à lui même, de posséder, d’avoir un pouvoir quelconque ou encore de savoir, ne cessant de s’approprier les attributs de son Seigneur. Le cheminement spirituel consiste donc à retrouver pleinement cette vérité oublier c’est à dire reconnaître entièrement son indigence vis à vis de son Seigneur, non simplement par la raison (ce qui est le cas du commun des croyants) mais par le c?ur (en tant que lieu de la Connaissance Vraie.
Et celui à qui Dieu veut du bien, prendra conscience de sa faiblesse et de son impuissance, réalisant le besoin qu’il a de son Seigneur car comme le dit la hikmah de bnu ‘ata illah « Si tu veux que te soient octroyées les grâces, réalises en toi l’état de besoin et de dénuement : « Les aumônes sont seulement pour les besogneux » (Cor. 9, 60). Le Shaykh Ad Darqawi dit dans une de ses lettres : « Nous te recommandons de ne pas t’empresser de chercher quelqu’un à qui te raccrocher lorsque tu te trouves dans le désarroi (…) afin de ne pas refermer toi-même la porte de la nécessité. Pour toi, cela équivaut à invoquer le Nom Suprême (« Qui donc exauce la supplique de celui qui se trouve dans une nécessité extrême quand il l’Invoque et le délivre de l’affliction ? » Cor. 27, 62). Le désarroi et l’indigence sont des mots qui désignent un état de nécessité impérieuse, dont on dit qu’il équivaut à invoquer le Nom Suprême. On trouve dans les Sagesses d’Ibn ‘Ata illah « Quand vient l’indigence, ce sont les jours de fête des disciples » et aussi « l’indigence c’est le déploiement des dons » ou encore « il arrive que tu trouves un profit dans l’indigence que tu n’as trouvé ni dans le jeûne ni dans la prière. »
Farid Uddin ‘attar raconte à propos du saint Dja’far Sâdiq qu’un homme vint le trouver et lui dit : « Fais moi voir le Seigneur Très Haut » ; et lui de répondre aussitôt : « Oh homme, lorsque Moussa le prophète a demandé à voir la face du Seigneur, une voix lui dit : tu ne pourra jamais Me voir. – Mais, reprit l’autre, nous sommes le peuple de Muhammad, nous autres, et il nous est permis de voir. Liez cet homme et jetez le dans le fleuve » commanda Dja’far Sâdiq. Aussitôt on l’attacha et on le jeta à l’eau. Il y plongea une fois et réapparu à la surface en criant : « Ô fils de Muhammad ! Viens à mon secours » ; et il s’enfonça une seconde fois sous l’eau. Quand il remonta, d’après l’ordre de Dja’far Sâdiq, on le laissa crier sans que personne lui tendit la main. Alors, n’espérant plus rien des assistants, il dit : « Mon Dieu, fais moi miséricorde et viens à mon secours. » Cette fois Dja’far Sâdiq commanda qu’on le retira de l’eau. Au bout de quelques instants, quand il fut revenu à lui, Dja’far Sâdiq lui demanda : « Eh bien, as tu vu le Seigneur Très Haut ? – J’avais beau vous appeler, répondit il, je ne voyais venir aucun secours. Lorsque, n’attendant plus rien de vous, j’ai mis mon espoir dans le Seigneur Très Haut, une porte s’est ouverte dans mon c?ur, et quand j’ai regardé par cette porte, j’ai trouvé tout ce que je désirais. – Maintenant donc, dit Dja’far Sâdiq, laisse là tout le reste et n’abandonne jamais cette porte. ». Voilà le rôle du maître spirituel : il enseigne au disciple l’orientation et le besoin urgent de Dieu car comme nous l’avons déjà vu précédemment et comme le dit cette autre hikma, «aucune demande n’est plus forte que la conscience de ton besoin urgent de Dieu »
22 août 2011
Religion