APULEE DE MADAURE
16e partie
XXIV. Elle y consent, et, se levant aussitôt, me conduit dans une autre chambre. Là se trouvait le corps du défunt, recouvert d’un linceul éclatant. Elle le découvre en présence de sept personnes appelées comme témoins; et, à cette vue, ses larmes recommencent à couler. Puis, après un moment de silence, adjurant les assistants, elle procède sous leurs yeux à une revue exacte de tous les membres; l’inventaire en est dressé sur une tablette. Voyez, dit-elle, le nez est entier,
les yeux en bon état, les oreilles au complet, les lèvres intactes; rien ne manque au menton. Citoyens, rendez-moi du tout bon et fidèle témoignage. Elle dit, et, les sceaux étant apposés aux tablettes, elle allait se retirer; mais je la retins. Madame, lui dis-je, faites-moi, je vous prie, donner ce qui est nécessaire. Qu’entendez-vous par là, dit-elle? Une de vos plus grandes lampes, repris-je, de l’huile suffisamment pour l’alimenter jusqu’au jour, de l’eau chaude, du vin, un verre, et un plateau garni des restes de votre souper. Alors, avec un geste de mépris: Perdez-vous le sens? dit-elle; un souper! Des restes! Dans une maison de mort, où, depuis tant de jours déjà, le foyer n’a pas même de fumée! Croyez-vous être venu ici pour faire bombance? Allez; songez plutôt à sympathiser par vos larmes avec le deuil que vous voyez autour de vous. Se tournant alors vers sa suivante: Myrrhine, donnez sur-le-champ une lampe et de l’huile à cet homme, enfermez-le dans la chambre, et retirez-vous
21 août 2011
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