Histoires vraies
Résumé de la 2e partie : Avec sa chienne Pacifique pour le guider, la vie a totalement changé pour Joe Gordon…
Lorsque, enfin, ils parviennent de l’autre côté du boulevard, Joe se sent envahi d’une gratitude profonde et caresse la chienne d’une main tremblante.
Bientôt la brave Pacifique saura tourner les poignées de porte avec ses dents. Joe pourra fumer tranquillement, car si par malheur une cigarette tombe, la chienne saura l’éteindre avec ses pattes. Elle apprendra aussi à se retourner dans les escaliers pour aboyer une fois à chaque marche.
Trois années s’écoulent et Joe, dont la vie est définitivement transformée, trouve un emploi de standardiste à l’autre bout de la ville.
De son côté, Jane Taylor vient s’établir au soleil de la Côte d’Azur, se marie et a deux enfants.
Hélas ! un jour, un télégraphiste frappe à la porte et lui remet le texte que voici :
«Votre adresse vient d’être trouvée sur un aveugle. Stop. Joe Gordon, renversé par voiture. Stop. Vient d’être transporté hôpital Liverpool. Stop.»
Le lendemain à Liverpool, Joe Gordon n’ayant pas repris connaissance, Jane Taylor va chercher Pacifique à la SPA où elle est enfermée dans une cage. Puis il se rend au commissariat. Là, une femme s’adresse à lui : elle parle très fort, pour que tout le monde l’entende :
«Vous êtes l’ami de ce malheureux ?
— Oui, madame…
— Tout cela est de la faute du chien ; ce pauvre homme avait trop confiance en son chien !»
Cette femme est la conductrice de la voiture qui a renversé Joe, Mrs Rosemary Shillabeer de Gribbs Causeway. Elle vient affirmer à la police que la route était libre lorsqu’elle a pris son tournant. Elle n’a pu voir Joe Gordon que lorsqu’il était sous la voiture.
Dans le commissariat tout le monde semble approuver cette femme et lorsque Jane Taylor demande d’autres explications, on lui cite tant et tant de témoignages que la culpabilité de la pauvre Pacifique ne fait plus de doute. Chacun lance sur l’animal un regard soupçonneux, presque méprisant, et si son ancien maître n’était pas là, elle repartirait sur-le-champ pour la fourrière.
A l’hôpital, dès qu’il reprend connaissance, le pauvre Joe demande sa chienne. D’abord la direction de l’hôpital refuse. Mais une infirmière prévient Jane Taylor qui vient avec l’animal. Les voilà bientôt tous deux près de Joe qui entre dans une grande colère en apprenant que l’on accuse sa chienne d’avoir causé l’accident. «Les salauds ! Ils en profitent… C’est trop facile, pensez ! Un aveugle et une bête qui ne peut pas se défendre !»
Le pauvre Joe est non seulement furieux, mais peiné, ulcéré, comme si le fait d’accuser sa chienne, c’était le salir lui-même. Il la caresse : blesser sa chienne c’est le blesser et si elle souffre il va souffrir.
— «Qui est ce chauffard ? demande-t-il enfin.
— C’est une femme.
— Est-ce qu’elle est assurée au moins ?
— Oui. Justement, si la preuve est faite qu’elle n’est pas responsable, l’assurance ne vous devra rien.»
Là-dessus paraît le docteur qui veut, bien entendu, chasser la chienne.
«Pourquoi voulez-vous la chasser ? rugit le pauvre Joe.
— Calmez-vous voyons. Vous pensez bien que les chiens dans un hôpital, c’est interdit.
— Ça m’est égal, je veux ma chienne.
— Vous n’y pensez pas.
— Pourquoi ? Elle n’est pas propre peut-être ? Parce que pour vous on est propre si on n’a pas de poils ? C’est tout ? Ça s’arrête là ? (A suivre…)
Pierre Bellemare
http://www.infosoir.com/edit.php?id=130915
21 août 2011
Histoire