Je ne pense pas être capable de pardonner à ma mère. Aujourd’hui, je souffre encore énormément de mon enfance sans affection. J’ai toujours vécu très difficilement la relation avec ma mère. J’ai caché mon malheur et mes envies suicidaires d’adolescente pendant longtemps.
J’ai commencé à voir une première psychologue à mes seize ans, et j’ai décidé de partir à l’étranger peu après, pour pouvoir « réfléchir sur moi avec un nouvel entourage ». Depuis, en sachant que ma mère a eu une enfance difficile elle aussi, je comprends son attitude froide envers moi, et j’essaie d’être agréable avec elle, et de renouer une relation mère-fille qui, selon moi, n’a jamais existé. J’ai même essayé de lui parler de mes problèmes de malêtre ou de couple qui sont liés à ce passé, et à ma peur de l’abandon. Plus récemment, mon père a eu un accident cérébral grave, et est devenu complètement dépendant physiquement. Il a perdu une énorme partie, presque toutes, de ses capacités mentales. Depuis, j’essaie donc de comprendre et d’être présente pour ma mère. J’habitais toujours à l’étranger, mais je faisais l’effort de l’appeler régulièrement, de rentrer au pays souvent. J’estimais qu’elle en avait besoin, et peut-être au fond de moi, je cherchais à créer une relation mère-fille. Je suis à présent de retour en Algérie, et me suis séparée récemment de mon ami. J’éprouve le besoin qu’elle me réconforte. Je lui ai parlé de mes problèmes passés et présents, et espérais une compréhension. Elle conserve exactement le même comportement qu’elle a toujours eu, dit me comprendre, mais se comporte toujours aussi froidement. Surtout qu’elle favorise mes frères par rapport à moi, et n’imagine pas qu’elle pourrait être une aide pour moi. Bien que je lui ai expliqué que j’avais une peur bleue de l’abandon, et en plus après lui avoir demandé directement de l’aide, elle reproduit le même schéma. Après cette récente discussion avec elle, et son nouvel « abandon », je ressens à nouveau la colère que j’ai éprouvée pendant longtemps. Je pense n’être jamais capable de lui pardonner pour cette enfance dont je souffre encore. Je conserve pourtant cet idéal de la relation mère-fille, et voudrais la rendre possible. Mais je commence à croire qu’il faudrait me faire une raison, et renoncer complètement à trouver un support affectif chez ma maman. Kamilia
18 août 2011
Histoire