Interview : Djamel Mati, l’auteur de L.S.D., livre, dans cet entretien, les raisons qui l’ont poussé à écrire son roman.
InfoSoir : Vous venez d’éditer un nouveau roman. Parlez-nous de cette nouvelle aventure littéraire…
Djamel Mati : L.S.D. est un thème d’actualité dont nous constatons les effets, je dirais, presque, quotidiennement. Le sujet me tenait à cœur depuis des années. Il raconte l’odyssée de Lucy, l’australopithèque, qui surgit du fin fond des âges pour traverser l’humanité, depuis l’origine du Temps jusqu’en 2051. Lors de son périple, le constat est loin d’être optimiste : notre monde, qui a mis cinq milliards d’années pour se construire dans une évolution naturelle, lente et harmonieuse, était censé ressembler à un véritable Eden sur Terre. Cependant…
L.S.D. s’avère une réelle aventure littéraire…
Pour moi, c’est une nouvelle aventure littéraire dans le fond et dans la forme et qui m’a demandé beaucoup de temps et de documentations. Romancer (parfois en prose) l’origine de l’humanité et son devenir à travers des personnages qui se trouvent sur des strates de temps si éloignées, c’est excitant comme aventure. C’est une histoire complètement déjantée où, bien évidemment, les mises en situation des événements relèvent de la pure fiction même s’ils sont ancrés dans des faits véridiques.
Comment vous est venue l’idée d’écrire ce roman ?
Je suis parti d’une réflexion sur l’anthropocentrisme de l’Homme et de son comportement vis-à-vis de la nature, des autres espèces et aussi vis-à-vis de lui-même. Dans L.S.D., cet anthropocentrisme a été inoculé dans le conscient collectif depuis des milliers d’années par la conjugaison de plusieurs facteurs et a fini par diviniser l’Homme et le transformer en despote prédateur qui asservit le monde et s’asservit lui-même, pour le mener à sa perte.
Dans ce roman, vous avez changé de registre et d’imaginaire romanesque : l’histoire se déroule en Angleterre. Pourquoi ?
Je n’avais pas l’intention de m’ancrer définitivement au point B144. Je pense qu’un écrivain a besoin de nouvelles gageures littéraires, de scruter de nouveaux horizons, d’ouvrir des champs sensoriels arables et neufs pour apporter aux lecteurs quelque chose de nouveau.
En fait, le roman débute et s’achève en Afrique, dans les paysages mythiques des déserts de l’Afar. L’inspiration du livre est enracinée jusqu’aux tréfonds dans cette terre du Sud. Sur un plan symbolique, l’histoire se déroule entre le Nord et le Sud. Le Sud, c’est l’Afrique, plus précisément l’Ethiopie, le berceau de l’humanité. Le Nord, c’est l’Angleterre, la terre natale de Charles Robert Darwin, le célèbre naturaliste, celui-là même qui a fait en sorte que Lucy soit connue comme l’ancêtre de l’homme.
Et pour ce qui est du choix thématique ?
Les raisons sont d’actualité même si leurs origines remontent plus loin dans le temps. La lecture du monde que fait Lucy, lors de sa mission, passe du silence au vacarme, d’un début lent et harmonieux au futur chaotique et inquiétant. Si le monde va de guerre en guerre, si le climat tousse, si les inégalités se creusent, ce n’est pas à cause des marguerites ou des abeilles, mais pour des raisons de convoitise des hommes, uniquement.
Certes, l’Homme est rare et précieux, mais devant l’immensité de l’univers, il devient petit et insignifiant. Ses rêves sont adjacents à ses cauchemars… La raison qui m’a motivé à aborder ces thèmes est que nous sommes, malheureusement, plus près des cauchemars.
l Concernant le titre, l’auteur explique : «Le choix du titre d’un roman est très important, c’est la première chose qu’une personne lit. Il faut donc que l’enseigne d’un livre interpelle.» Il ajoute : «Pour L.S.D, j’avoue que j’ai voulu un peu provoquer et déconcerter le lecteur, mais l’acronyme «L.S.D.» ne veut pas forcément dire acide lysergique diéthylamide. Le titre veut surtout dire, «des Liens», «des Secrets» et «des Destinées», les titres des trois parties du roman. Ce sont aussi les titres de plusieurs chapitres. En fait, j’ai voulu jouer avec les trois lettres pour rendre plus énigmatique la couverture du livre, mais au fur et à mesure que le lecteur avance dans l’histoire, il découvrira d’autres significations aux lettres L, S et D… Interrogé sur les personnages, notamment Charles Junior Darwin, l’auteur répond : «Le récit abonde de personnages et de rebondissements, mais les principaux restent Lucy, l’australopithèque et Charles Jr Darwin, un descendant de Charles Robert Darwin, le célèbre naturaliste et père de ’’la théorie de l’évolution des espèces’’.» Et de poursuivre : «Pourquoi Charles Jr Darwin ? En fait, il y a une relation structurelle entre Charles Jr et Lucy dans l’écriture de L.S.D. Une australopithèque qui ne tient sa tangibilité que grâce aux travaux de recherches de l’aïeul de Charles Jr. Lorsque l’ordre est donné à Lucy de traverser l’humanité et de contacter Charles Jr, ce n’est pas par hasard. Le jeune homme représente une continuité de l’évolution par sa lignée et aussi par son époque (le monde actuel). Charles Jr incarne l’homme contemporain, un héritier parfait de la modernité qui se trouve être intérieurement en conflit avec celle-ci.»
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Y. I.
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18 août 2011
1.LECTURE