Le réveil te bipe. On se met sur ses jambes aussi joyeux qu’une catastrophe minière. On se lève encore une énième fois pour recommencer une journée qui se répétera à l’infini. La schizophrénie est à la porte de chacun d’entre nous si nous ne prenons pas garde à positiver cet incessant recommencement. Ton épouse est toujours là. Les enfants, source de joie dit-on, sont là également.
La voisine et le voisin aussi. L’arrêt de bus, le chauffeur de bus, les usagers de la ligne que tu prends à la même heure, quand les busseurs sont dans les temps. Au même endroit, depuis des années. Le planton est au « gare à vous » comme un mollusque affalé sur sa chaise le bureau et le téléphone attendent que tu les animes. Fin de journée.
A la sortie du travail, avant de rentrer, tu passeras acheter le pain. Quatre comme d’habitude. A peine la clé introduite dans la serrure, ta femme, coiffée de la même façon et habillée des mêmes couleurs, t’attendra dans le corridor tout en récupérant le pain que tu auras acheté sur le chemin du retour. Il est loin le temps où elle te regardait, te jaugeait, t’inspectait, te détaillait, te disséquait. Il y a longtemps qu’elle a cessé de te demander comment s’est passée ta journée Elle en a vécu tellement qu’elle les connaît toutes ; même tes journées à venir. C’est à peine s’il elle te lance un semblant de sourire et son «salem» à bout portant.
La routine est tellement ancrée que parfois on croit avoir déjà vécu certaines scènes de la vie qui se présentent à soi au moment où elles se déroulent. Notre cerveau est conditionné d’un tas de répétition. Il emmagasine. Il stocke. Il classe. Il archive. Il finit par devenir un automate. Mais il n’arrive pas à s’habituer au manque d’eau, ni au fait qu’on ne puisse pas prendre une douche quand le besoin se fait sentir. Mais c’est à cause du tramway dit-on, qui, depuis des ans, n’est qu’au stade de «trab-way».
18 août 2011
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