XIX. J’y trouvai grande réunion, et, comme je m’y attendais, d’après le rang de la dame du logis, la meilleure compagnie de la ville. Les lits, d’une magnificence extrême, étaient en bois de citronnier avec des ornements d’ivoire, et recouverts d’étoffes brodées d’or. Sur la table de larges coupes, toutes diverses de forme et de beauté, toutes d’un prix inestimable. Ici le verre artistement ciselé, là le cristal taillé à facettes.
L’argent brillait, l’or resplendissait. Il s’y trouvait jusqu’à des morceaux d’ambre cristallisé, que l’art avait creusé pour servir de vase à boire; enfin un luxe inimaginable. Plusieurs écuyers tranchants, magnifiquement vêtus, découpaient les mets sans nombre que de jeunes filles servaient avec toute la grâce possible. De jeunes garçons qu’on avait frisés au fer, et élégamment drapés, ne cessaient de verser aux convives un vin vieux dans des vases faits de pierres précieuses. Bientôt l’arrivée des flambeaux donne l’essor aux propos de table; le rire se communique, les bons mots circulent, et, parfois, l’épigramme étincelle. Byrrhène alors m’adressa la parole: Que dites-vous de notre pays? Aucune ville, que je sache, ne possède rien de comparable à nos temples, à nos bains, à nos édifices publics en général. Et nous ne sommes pas moins bien pourvus des choses utiles: chez nous l’homme de plaisir trouve les mêmes facilités, l’homme de négoce les mêmes débouchés qu’à Rome même; et l’homme aux goûts tranquilles peut jouir ici du recueillement de la campagne. Tous les plaisirs de la province s’y sont donné rendez-vous.
18 août 2011
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