XVIII. Un jour Byrrhène m’invita de la manière la plus pressante à venir souper chez elle. En vain j’essayai de m’en défendre; elle ne tint compte de mes excuses. Il me fallut donc présenter requête à Photis, obtenir son congé, prendre ses auspices. Tout ce qui m’éloignait de ses côtés, ne fût-ce que d’un pas, était peu de son goût. Toutefois, elle consentit d’assez bonne grâce à ce court armistice.
Au moins, dit-elle, ayez bien soin de quitter la table de bonne heure; car il y a dans notre jeune noblesse un parti sans frein, ennemi juré de la paix publique: et vous rencontrerez des hommes égorgés en pleine rue. Les troupes du gouverneur sont trop loin de nous pour empêcher ces massacres. Votre position élevée fait de vous un point de mire; et, comme étranger, vous avez moins qu’un autre de protection à attendre. Rassure-toi, ma chère Photis, lui répondis-je; je tiens plus à nos plaisirs qu’à tous les festins du monde; et il suffit de ton inquiétude pour me faire presser mon retour. D’ailleurs, je ne marche pas seul. Et puis j’aurai au côté mon épée. C’est une sauvegarde qui ne me quitte pas. Muni de cette précaution, je me rends à ce souper
18 août 2011
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