Edition du Jeudi 18 Août 2011
Des gens et des faits
La fille des Aurès
La nouvelle de Yasmina Hanane
résumé : Le temps passait, et la petite fille grandissait et embellissait. Elle arrive à un tournant de sa vie, et découvre qu’elle n’était pas une enfant comme les autres. Elle devint triste et mélancolique. Si bien que sa mère pour lui changer les idées, l’emmène chez elle et lui offre plein de cadeaux.
8eme partie
Hakima se tint tranquillement devant la glace, et la voici bientôt transformée. Elle devint sous les mains expertes de sa bienfaitrice, une jolie et heureuse fille, qui se moquait même de son existence.
- Voila… Tu es prête maintenant, nous pouvons nous rendre au parc d’attraction.
- Au parc d’attraction ?
- Oui, tu n’aimes pas ?
La fillette battit des mains :
- Oh si, mais comment as-tu deviné ?
- Tous les enfants adorent les parcs d’attraction, je ne vois pas pourquoi tu ferais exception.
Hakima vint se blottir dans les bras de sa mère :
- Je t‘adore, maman.
- Moi aussi, ma chérie.
Tout à coup l’enfant éclate en sanglots. La jeune femme est atterrée :
- Quelque chose ne va pas Hakima ? Tu ne te sens pas bien ?
La fillette refoule ses larmes et s’essuie les yeux :
- Je pense à demain.
- À demain ?
- Oui, tu vas encore me ramener au foyer, et…. et….
Elle ne put continuer sa phrase. Des sanglots lui nouaient la gorge. Sa “maman” la serre contre elle. Des larmes inondèrent ses joues. Elle sentit Hakima trembler dans ses bras, et ressentit davantage sa détresse. Que n’aurait-elle pas donné pour la garder auprès d’elle ? Elle resserre davantage son étreinte, et sentit que Hakima se calmait au fur et à mesure, qu’elle évacuait son chagrin. La jeune femme lui soulève le menton et la regarde dans les yeux :
- Tu sais Hakima, je donnerais toute ma fortune pour te garder auprès de moi. Mais je ne le pourrais pas. Ni mon mari, ni ma belle-famille ne seront d’accord.
Hakima écarquille ses yeux :
- Tu as un mari ?
La jeune femme sourit :
- Oui, je suis mariée. Cela t’étonne ?
Hakima met un doigt sur sa bouche et se met à réfléchir avant de lancer :
- Donc, j’ai un papa ?
La jeune femme sentit son cœur palpiter. Hakima ne pouvait comprendre l’étendue de sa détresse. Elle était encore trop jeune pour comprendre des choses que même les adultes préfèrent ignorer. Si cette fois-ci, elle avait pu la ramener à la maison avec elle, c’est que son mari s’était absenté pour quelques jours. Sinon, il n’aurait jamais toléré une “telle” enfant dans sa maison. Pour lui, tous les enfants de l’assistance publique étaient le fruit du “péché”. Et ramener “le péché” dans sa maison, c’était à coup sûr provoquer la colère de Dieu. Combien de fois s’était-elle entêtée à lui faire comprendre que tous ces “enfants” n’étaient que des victimes. Des victimes d’une erreur commise dans un moment d’égarement, ou tout simplement, issus de familles misérables, qui ne pouvant les entretenir avaient préféré les abandonner dans des orphelinats. Elle se penche vers Hakima et lance :
- Euh, Non…. Non Hakima, mon mari n’est pas ton père. Il ne mérite pas de l’être ?
Hakima semblait déçue, et la jeune femme s’empresse de poursuivre :
- Ne suis-je pas en mesure de satisfaire tous tes désirs. N’ai-je pas assez démontré mon attachement pour toi ?
La fillette vint se blottir contre elle :
- Mais si maman, je voulais juste savoir si j’avais aussi un père, car pas plus tard que la semaine dernière on m’avait expliqué à l’école que nous avons tous un père et une mère, et qu’il est impossible pour un enfant de venir au monde sans ses deux parents.
- C’est vrai ma chérie. C’est donc çà qui t’a chagriné ? Hum, il se trouve que parfois il y a aussi des enfants comme toi, qui ne peuvent pas avoir de père. C’est un peu difficile pour moi de te l’expliquer, mais je te promets que dans quelques années, tu comprendras tout.
(À suivre)
Y. H.
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=161205&titre=La%20fille%20des%20Aur%E8s&
18 août 2011
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