Personne n’avait prévu bien à l’avance que l’on connaitrait l’avènement de la démocratisation pouvant amener au pouvoir des forces antidémocratiques qui feraient de la violence l’instrument de la soumission des populations. Les pays occidentaux qui se faisaient les champions de la défense des valeurs démocratiques s’étaient érigés en obstacles à la démocratisation,
soutenant des régimes tyrans qui leur garantissaient la préservation de leurs intérêts. L’Algérie avait estimé que les valeurs démocratiques telles qu’elle les avait adoptées (ou adaptées ou mal adaptées?) et qui se résumaient à la légalisation du pluralisme politique et à l’organisation des élections allait lui suffire à attirer en sa faveur la bénédiction des pays démocrates. Elle pensait pouvoir en faire des atouts pour détruire ou abaisser considérablement le mur de méfiance dressé autour d’elle par la communauté occidentale en raison de ce qui était apparu à tort ou à raison comme son alignement sur le camp adverse durant la guerre froide à la fois par son système politique basé sur le parti unique et par son système économique. Mais c’était compter sans les régimes arabes qui les considéraient plutôt comme des malédictions pour la double raison qu’ils estimaient la démocratie comme devant obligatoirement engendrer la déstabilisation et les insécurités mais aussi leur propre remise en cause. L’Algérie était ainsi prise dans l’étau entre un terrorisme qui montait en puissance, un monde occidental qui lui reprochait pourtant de ne pas aller vite et loin dans les réformes et un monde arabe qui voyait d’un bon oeil la déstabilisation de l’Algérie pour faire de son modèle un épouvantail pour les peuples arabes. Les pays occidentaux voyaient dans l’instabilité algérienne le péril de son transfert vers le Maroc, leur allié traditionnel dans la région. Ne disait-on pas que le Maroc était un immense porte-avions américain? En pleine amorce de la montée en puissance du terrorisme, en début de la décennie 90, le réacteur nucléaire algérien de recherche suscitait déjà des mises en garde officieuses de l’Elysée par le biais du conseiller à la doctrine de l’emploi des forces, et ce, lors d’une conférence à l’école supérieure de guerre. Ce conseiller voyait se profiler un déséquilibre militaire dans la région.
N°3582 – MERCREDI 17 AOÛT 2011 La Voix de l’Oranie
17 août 2011
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