XVI. À peine étais-je au lit, que ma Photis, qui venait de coucher sa maîtresse, accourt près de moi, balançant dans ses mains des roses tressées en guirlandes. Une rose détachée s’épanouissait entre les charmants contours de son sein. Sa bouche s’unit étroitement à la mienne; elle m’enlace dans ses guirlandes,
et me couvre de fleurs. Puis saisissant l’un des verres, et mêlant au vin de l’eau tiède, me l’offre à boire, me l’ôte doucement des mains avant que j’aie tout bu, et, les yeux fixés sur moi, hume le reste goutte à goutte, avec un doux frémissement des lèvres. Un second verre, un troisième, et plus encore, passent ainsi d’une bouche à l’autre. Enfin, les fumées du vin me montent à la tête, et portent le trouble dans mes sens. Le sixième surtout s’insurge, et met en feu toute la région qu’il habite. J’écarte la couverture, et, étalant aux yeux de Photis toute la turbulence de ma passion: Par pitié, lui dis-je, viens vite à mon secours. Tu le vois, je me présente assez de pied ferme à ce combat que tu m’offres, sans que le fécial s’en soit mêlé. Le traître Cupidon m’a percé d’une de ses flèches jusqu’au fond du coeur. J’ai bandé mon arc en retour, et si fort, qu’il y a danger que la corde ne se rompe. Viens, et, pour me rendre tout à fait heureux, cesse d’emprisonner ta chevelure; qu’elle flotte en toute liberté sur tes épaules: tes embrassements vont m’en sembler plus doux.
17 août 2011
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