XIII. Et ce Chaldéen, dit en ricanant Milon, donnez-nous son signalement et son nom. C’est, répondis-je, un homme de haute taille, tirant sur le noir; il s’appelle Diophane.
C’est lui, c’est bien notre homme. Nous l’avons eu aussi dans cette ville. Il y a reçu maintes visites, débité maintes prophéties. Il y a fait de l’argent, et mieux que cela; il y a fait fortune:Suite… mais, hélas! le sort lui gardait un retour, ou, si vous voulez, un tour des plus cruels. Un jour qu’entouré d’une foule nombreuse, il allait, tirant à chacun son horoscope et prophétisant à la ronde, un négociant, nommé Cerdon, s’en vint le consulter sur le jour qu’il devait prendre pour un voyage. Diophane le lui dit. La bourse était tirée, les espèces comptées; mille deniers, tout autant qu’il allait rafler pour prix de l’oracle, quand un jeune homme de bonne mine, qui s’était glissé derrière le devin, le tire par son manteau, et le serre étroitement dans ses bras, au moment où il se retournait. Diophane lui rend l’accolade, et le fait asseoir auprès de lui. Cette reconnaissance à l’improviste lui faisant perdre de vue l’affaire qui était en train, il engage la conversation avec le nouveau venu. Combien j’ai désiré votre arrivée! Et vous, mon cher ami, dit l’autre, depuis votre départ impromptu de l’île d’Eubée, comment vous êtes-vous tiré de la mer et des chemins?
17 août 2011
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