Des gens et des faits (Mercredi 17 Août 2011)
La nouvelle de Yasmina Hanane
La fille des Aurès
résumé : Malgré la jalousie de son entourage, Hakima savait qu’elle avait une maman qui s’occupait d’elle. Pour ne pas la décevoir, elle redoubla d’effort à l’école, et n’eut aucun mal à décrocher à chaque fin d’année les meilleures notes, et une multitude de prix.
7eme partie
Jamais “sa maman” n’avait été autant fière d’elle, et jamais les petites filles du foyer, et les camarades de classe n’avaient été aussi jalouses et envieuses d’elle.
Alors qu’elle atteignait ses dix ans, Hakima comprenait enfin qu’elle n’était pas comme les autres filles de son école.
Qui était-elle alors… ?
Quelquefois, elle se réveillait la nuit, les joues inondées de larmes, et le corps en sueur. Elle entendait souvent dans son sommeil, une voix lointaine. Une voix de femme triste et plaintive. Cette voix, elle ne la reconnaissait pas, car elle ne l’avait jamais entendue dans la réalité. Ce rêve revenait chaque nuit perturber son sommeil, et elle en vint jusqu’à perdre l’envie de vivre.
“Sa maman” remarqua tout de suite ce changement, et le prit tout d’abord pour une forme de “maturité” physique. Hakima serait bientôt une adolescente, et à cet âge, beaucoup de choses peuvent changer dans la personnalité d’une fille.
Mais le “mal” perdurait. En dehors de son école, et de son foyer, Hakima, se refugiait dans une solitude qui n’augurait rien de bon. Elle restait parfois de longues heures à méditer sur son sort, tout en faisant mine de lire, ou d’étudier.
Pourtant elle continuait à bien travailler à l’école, et aucun enseignant ne se plaignait de sa conduite.
La directrice du foyer ne cachera plus son inquiétude, et se confia à la “maman”. Cette dernière ne se fera donc pas prier pour passer à l’action. Elle invite Hakima à passer un week-end chez elle, et lui fera découvrir un tas de choses dont elle ignorait jusque-là l’existence.
Hakima est subjuguée. Sa “maman” habitait dans une grande et belle maison, et possédait des merveilles qu’on ne voyait que dans les revues ou à la télévision.
Hakima touche à tout. Elle découvre les sonorités variées du piano à queue, les livres reliés de cuir dans la grande bibliothèque du salon, les chambres décorées avec goût, et surtout la belle cuisine ensoleillée où sa “maman” lui préparait de succulents plats.
La fillette courait d’une chambre à l’autre de la maison, et passait de découverte en découverte.
Sa chambre était toute tendue de velours, et de soies. Des livres trônaient au chevet de son lit, et des vêtements neufs étaient pendus dans l’armoire. Elle avait de nouvelles tenues ! Elle saute de joie, et se met à les essayer une par une devant la grande glace de la coiffeuse qui lui faisait face. Tous ces trésors étaient à elle ! Elle sourit, et tire une langue rose devant son reflet :
- Je ferais encore des jalouses.
Sa “maman” qui ne voulait pas trop la déranger, la regardait d’un air triste au seuil de la chambre. Hakima ne se rendit compte de sa présence qu’une fois qu’elle avait terminé ses essayages.
- Maman ! Oh , je …Je suis tellement heureuse….Tu m’as acheté tant de belles choses.
La jeune femme vint se mettre derrière elle, et se met à la coiffer :
- Tu as de beaux cheveux Hakima.
Elle passe une main caressante le long de la tignasse noire de la fillette, puis se met à la peigner.
- Je vais te les natter, comme çà tu auras moins chaud, ma chérie.
Hakima sourit heureuse :
- Tu me mettras des barrettes rouges ?
Sa “maman” hoche la tête :
- Si tu veux, mais pourquoi veux-tu mettre des barrettes rouges ?
Hakima sourit encore :
- Je vais mettre la robe rouge à col blanc, cela ira mieux avec, n’est-ce pas ?
La jeune femme lui pince la joue :
- Petite coquine, tu es déjà coquette à ton âge.
La fillette se met à sautiller :
- J’ai vu çà à la télévision. Les filles portent toujours des bandeaux ou des barrettes de la couleur de leur tenue.
- Qu’à cela ne tienne, je te coifferais avec des barrettes rouges.
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17 août 2011
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