Des «ex» qui vous veulent subitement du bien

Le Carrefour D’algérie

Mardi 16 Août 2011

Pole&mic

Par B. Nadir

Des «ex» qui vous veulent subitement du bien

Pourquoi est-ce que bizarrement, tous les ex-ministres et autres ex-conseillers du Président s’érigent soudainement en farouches critiques du régime, en experts opposant du Pouvoir en place,

en vaillants redresseurs qui tirent la sonnette d’alarme? C’est quand même affolant de voir tous ces ex-officiels remerciés convertis outre-mer en rentiers, comme par enchantement, devenir lucides, cartésiens et pragmatiques. Où étaient-ils quand ils en avaient le pouvoir, le grand bureau, les secrétaires, le chef de cabinet, les chauffeurs pour Madame et les enfants, la villa de fonction et celle de club des Pins? Qu’ont-ils fait de leur responsabilité d’antan quand toute la famille était considérée VIP pour venir maintenant acquitter leur conscience et prévenir  généreusement de risques et  de crises éventuels? Pourquoi n’ont-ils point contredit, ni  émis d’avis ni prévenu quand ils le pouvaient encore, quand ils étaient chevaux et non charrette? Contre quoi ont-ils troqué leurs connaissances et leur savoir inhibés pendant de longues années de fonction, avant qu’on leur découvre la rage et que leur Maître les noie? Contre quoi ont-ils accepté de se taire? Quel était ce deal? Quel était ce pacte du diable qui les a dépourvus de toute conscience et de tous principes? L’argent? Le confort matériel? Le pouvoir? L’ambition? Pourquoi n’ont-ils rien fait eux qui en savent tant? Pourquoi n’ont-ils pas appliqué pendant qu’ils le pouvaient leurs théories vaporeuses alors que souvent, il ne faut qu’une voie d’eau pour submerger un vaisseau. Qu’est-ce qui peut expliquer et justifier que  ces anciens pions du système qui revendraient à crédit leurs femmes et leurs âmes pour être de nouveau dans les bonnes grâces du Chef deviennent des références interviewées et écoutées? Comment osent-ils encore narguer le peuple désabusé et fatigué et donner à partir de leur perron européen  des leçons de politique ou d’économie via les médias? Pourquoi ne tiennent-ils plus le même langage du «tout va bien»?  Ont-ils subitement retrouvé de la dignité en perdant leurs pouvoirs? Faut-il envisager leurs attitudes comme  une tendance naturelle de l’homme à se comporter de manière nuisible dès qu’il est investi d’un pouvoir quelconque? Pourquoi ne se font-ils pas oublier, puisque les Algériens font mine de les avoir oubliés?…Il paraît que le Pouvoir est grisant, enivrant et exaltant et lorsqu’on l’a exercé, ne serait-ce que quelques mois, on s’habitue vite aux plaisirs parfois aphrodisiaques qu’il procure. Par contre, ce qui est prouvé, c’est que le Pouvoir finit par corrompre tous les hommes. Tous sans exception. La seule différence, c’est le prix et le temps qu’il faudra consentir pour chacun d’entre nous. C’est tout.