Vraies Histoires
Résumé de la 4e partie : Burns va s’évader encore une fois. Sous un nouveau nom, il ouvre un cabinet de consultations pour contribuables et épouse Caroline…
Hélas ! en 1932, l’infinie patience des policiers les mène à la retraite où se terre l’évadé.
«Vous êtes bien Robert Elliot Burns ?»
Chapeau, pardessus, promenade en voiture qui se termine derrière les barreaux d’une cellule, rien de cela n’est nouveau pour Burns. De plus, il devient vite évident que les formalités d’extradition traîneront davantage encore qu’à Chicago. Le film Je suis un évadé a partout, sauf en Georgie, les honneurs de l’écran. Des milliers de personnes avaient lu le livre, mais ils sont des millions à voir le film. L’opinion publique est nettement hostile au retour en Georgie du fugitif. A nouveau des envoyés spéciaux viennent multiplier les promesses pour qu’il renonce aux formalités d’extradition et veuille bien consentir à retourner volontairement «là-bas».
«Nous reconnaissons volontiers que vous n’avez pas lieu d’être satisfait de la manière dont nos prédécesseurs vous ont traité. Avec nous, ce sera différent. Nous tiendrons nos promesses. Et vous redeviendrez un homme libre.»
Leurs discours tombent dans le vide. Cette fois Burns refuse et préfère prendre le risque du procès qui devra décider ou non de son extradition.
Lors de l’audience, le juge du New Jersey entend donc tour à tour les avocats de l’Etat de Georgie et les avocats de Burns. Mais il entend surtout des témoins.
Le premier vient déclarer que tout ce qui est écrit dans le livre de Burns est authentique.
Le second affirme que le chef geôlier du Chain Gang d’où s’est évadé pour la première fois Burns, a certainement sur la conscience la mort d’un nombre important de forçats.
Le troisième prétend avoir vu le chef geôlier se servir plusieurs fois et sans raison de sa «bonbonnière».
Le quatrième raconte que son père, condamné à dix ans dans ce même bagne, y a perdu l’usage de ses jambes.
A ces témoignages, les représentants de la Georgie ne peuvent opposer que des arguments juridiques : Burns, forçat évadé, doit purger sa peine et ne peut être libéré que par la Commission des recours en grâce de Georgie devant laquelle il doit comparaître personnellement.
Ce à quoi Burns répond, dressé sur ses ergots, pointant vers le juge son nez à piquer les gaufrettes et son menton volontaire :
«On m’a déjà fait le coup une fois, et ce fut une fois de trop. Si je suis extradé en Georgie, rien ne prouve que la Commission des grâces acceptera de me libérer.»
Le juge hésite. Il sait que la Commission des grâces ne peut lui promettre la libération de Burns sans avoir statué et elle ne peut statuer qu’après l’avoir entendu.
Finalement, un témoin met le comble à son incertitude.
«Si Burns retourne en Georgie, dit-il, il n’en reviendra pas. Dans l’air sifflent beaucoup de balles perdues. Il est de notoriété publique que dans les Chain Gangs de Georgie il se passe des choses que le public ne doit pas connaître. C’est tellement vrai que lorsqu’un automobiliste passe à côté d’un de ces chantiers de travail, les gardes lui font siffler quelques balles aux oreilles histoire de lui faire comprendre qu’il doit appuyer sur le champignon.» (A suivre…)
Pierre Bellemare
16 août 2011
Histoire