VII. Tout en délibérant ainsi, et, comme on dit, opinant de mes jambes, je me trouve à la porte de Milon. Ni le patron ni sa femme n’étaient au logis. Mais j’y trouvai Photis, mes amours.
Elle s’occupait à préparer pour ses maîtres un mets composé de viande hachée menu et d’autres ingrédients; le tout se mitonnait dans une casserole à ragoûts; et, bien qu’à distance, il en arrivait jusqu’à mon nez des émanations qui promettaient. Photis était vêtue d’une blanche robe de lin, qu’une ceinture d’un rouge éclatant, un peu haut montée, serrait juste au-dessous des boutons du sein. Ses mains mignonnes agitaient circulairement le contenu du vase culinaire, non sans lui imprimer de fréquentes secousses. Un branle voluptueux se communiquait ainsi à toute sa personne. Je voyais ses reins se ployer, ses hanches se balancer, et toute sa taille ondoyer de la façon la plus agaçante. Je restai là muet d’admiration et comme en extase. Voilà mes sens, du calme plat, qui passent à l’état de révolte. Ma Photis, lui dis-je, que de grâces! quel plaisir de te voir remuer ensemble cette casserole et cette croupe divine! Le délicieux ragoût que tu prépares! heureux, cent fois heureux qui pourra en tâter, ne fût-ce que du bout du doigt! La friponne alors, aussi gaillarde que gentille: Gare, gare, pauvre garçon, me dit-elle; cela brûle, il n’en faut qu’une parcelle pour vous embraser jusqu’à la moelle des os. Et alors, quelle autre que moi pour éteindre l’incendie! oui, que moi; car je ne suis pas seulement experte en cuisine; j’entends tout aussi bien un autre service
15 août 2011
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