VI. Mais, puissance de la curiosité! au seul mot de magie, ce but de toutes mes pensées, loin d’éprouver de l’éloignement pour Pamphile, je me sentis naître un violent désir de me faire à tout prix initier par elle aux secrets de son art. Il me tardait d’aller à corps perdu me jeter dans cet abîme. Mon impatience tenait du délire; au point que m’arrachant des mains de Byrrhène, comme d’une chaîne qui me pesait, je lui dis brusquement adieu, et je volai au logis de Milon.
Allons, Lucius, me disais-je, tout en courant comme un fou, courage et présence d’esprit; voici l’occasion tant souhaitée. Tu vas t’en donner de ce merveilleux dont tu es si avide. Ne vas pas faire l’enfant; il s’agit de traiter rondement l’affaire. Point d’intrigue amoureuse avec ton hôtesse. La couche de l’honnête Milon doit être sacrée pour toi: mais il y a Photis, la jeune chambrière, qu’il te faut emporter de haute lutte. La friponne est piquante; elle aime à rire; elle pétille d’esprit. Hier au soir, quand tu ne songeais qu’à dormir, ne te conduisit-elle pas très officieusement à ta chambre? Et quel empressement! délicat à te déshabiller, à te couvrir dans ton lit! Ce baiser sur ton front, cette expression dans son regard trahissaient assez son regret de te quitter. Maintes fois, avant de sortir, elle a fait une pause, et regardé en arrière. Allons, j’en accepte l’augure. Arrive que pourra, j’aurai pied ou aile de cette Photis.
15 août 2011
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