Histoires vraies
Résumé de la 3e partie : Burns, sur dénonciation de sa logeuse, sera à nouveau emprisonné à la prison centrale…
Aux USA., un marché entre magistrats et inculpés est chose courante. Burns demande des précisions.
«Dois-je bien comprendre que si j’accepte de retourner en Georgie avec vous, je bénéficierai à coup sûr d’une mesure de grâce ?
— Vous pouvez y compter. Nous vous répétons qu’il ne s’agit pour nous que de sauver la face.»
Les deux hommes paraissent sincères. Ce sont de gros personnages…
Après des négociations qui durent près d’une semaine, Burns règle des frais de justice se montant environ à mille dollars et accepte de retourner au bagne sous trois conditions :
Primo : qu’on ne l’incarcérera pas dans le Chain Gang d’où il s’est évadé.
Secundo : le redoutable chef des geôliers doit s’en retourner seul. C’est en sleeping que Burns voyagera.
Tertio : l’incarcération de Burns ne durera pas plus de 90 jours.
— C’est O.K.»
Hélas ! Seules les deux premières conditions de l’engagement sont remplies. Incarcéré dans un soi-disant «camp forestier», Burns connaît des jours pénibles en attendant d’être convoqué devant la commission des grâces : les semaines passent, puis les mois. Rien, toujours rien. Burns s’épuise à écrire lettres sur lettres à l’administration pénitentiaire, aux représentants de la justice, au gouverneur.
Aucune réponse. Il est oublié dans ce nouvel enfer où ses gardiens lui mènent la vie dure, où le régime est insupportable. A ce point que des convicts n’hésitent point à s’infliger des mutilations, risquant parfois l’amputation d’un bras ou d’une jambe, pour gagner quelques mois de répit à l’hôpital !
Cette fois, le gouvernement et l’administration pénitentiaire de Georgie le tiennent bien et savourent leur vengeance.
Au bout d’un an, Burns n’en pouvant plus prend la résolution de s’évader à nouveau en dépit de l’étroite surveillance dont il est l’objet.
Au cours d’une tornade qui déracine les arbres et arrache les toits des maisons, Burns, profitant de la confusion, réussit à s’échapper. Ce n’est qu’au bout de plusieurs heures qu’on se lance à sa poursuite. Il est loin. Mais des chiens retrouvent sa piste. Il la leur fait perdre en nageant toute une nuit au milieu d’une rivière. Dix fois, il est encerclé, dix fois, il s’échappe.
Après avoir semé ses poursuivants à travers marais et fondrières, cet homme d’une volonté de fer parvient, aux limites de l’épuisement, à gagner l’Etat de New Jersey, où il projette de recommencer son existence à zéro.
A zéro ? Pas tout à fait. Il téléphone à son «gros» éditeur qui lui apprend que la firme cinématographique Warner Bros s’est mise dans la tête de tourner un film basé sur ses révélations et l’invite à se rendre à Hollywood en qualité de superviseur technique, Burns accepte.
Mais durant les prises de vues, il n’en mène pas large. Sa véritable identité est connue de tous, depuis la vedette Paul Muni qui l’incarne dans le film, jusqu’au dernier des figurants. Dans le studio, il se sent protégé, mais n’ose pas mettre un pied dehors. Une nuit, dès que le film est terminé, blotti au fond d’un taxi, il prend la route et après un parcours non stop de 300 miles, se fait déposer près d’une petite gare de village.
«Merci Boy. Maintenant, repars et oublie le nom de ce bled.»
Par étapes, voyageant en zigzag, Burns a regagné sa résidence de New Jersey où, sous un nouveau nom d’emprunt, il ouvre un cabinet de consultations pour contribuables. Les affaires marchent. Et il rencontre Caroline, une ravissante blonde qui partage sa vie. (A suivre…)
Pierre Bellemare
14 août 2011
Histoire