« Nous on ne déplore pas Monsieur l’ambassadeur. Nous, on vous le demande : dégagez de chez nous !». C’est peut-être le résumé le plus clair d’une lettre ouverte collective à l’ambassadeur de Syrie en Algérie qu’il faut écrire à 36 millions de mains. L’Algérie officielle peut opter pour la nouvelle diplomatie de l’incolore international pour cause de vice de légitimité nationale,
ce n’est pas le cas de l’opinion terrestre qu’est la nôtre : l’ambassadeur de Bachar représente aujourd’hui non pas un Etat mais un régime, une bande de bouchers intégristes affolés, un génocide en préparation. Il y a donc quelque chose d’immorale, de décalé par rapport à l’histoire algérienne, ses sangs, morts et principes, que de se contenter « d’observer ». On peut observer un nuage, le croissant de la lune ou une fourmi sur son avant-bras, mais pas ce qui se passe en Syrie contre les Syriens. Pourquoi donc l’Algérie officielle, celle qui gouverne, se contente-t-elle d’être préoccupée comme certains pays arabes ? Parce que deux raisons évidentes : dans la liste des régimes qui ressemblent le plus au cas algérien, la Syrie est vraiment un pays frère. Comprendre, un régime frère : c’est un pays où le Président est un prétexte qui lit des textes, les Moukhabarates omniprésentes jusqu’à dans les toilettes et gèrent le pays selon la doctrine du « sens national de sécurité et de la préservation des intérêts collectifs ». Des Moukhabarates convaincues de leur mission de tutelle et de suprématie préventive sur le reste des institutions. C’est aussi un pays où l’économie est parasitée par un système de familles et de réseaux informels, et où la mentalité parti-régime a enfanté d’un parti unique convaincu de sa légitimité et de sa représentativité même dans le délire. C’est un pays qui fonctionne sur l’idéologie de l’ennemi extérieur, de la menace d’invasion, du complot étranger et de l’armée comme garante du territoire, arbitre interne et marraine de la vie politique de façade.
L’autre raison est plus « internationale » : dans le cas algérien, se révèle cette fragilité des pays où les régimes manquent tellement de légitimité réelle, de capitale démocratie et de représentativité, qu’ils ne peuvent se permettre de se mêler des affaires des autres et avoir des positions fortes. Faiblard, ils en deviennent lâches et se contentent « d’observer », d’être préoccupés et d’appeler au dialogue mais avec le murmure bas du devoir de politesse. C’est l’explication profonde de l’actuel statut de la diplomatie algérienne et de son positionnement en faveur de l’extinction des baleines blanches. Le Régime syrien à un frère qui gouverne, et un oncle qui parasite l’économie. On en a de semblables chez nous. Le régime algérien ne tue que le temps et n’empêche que la liberté mais pour la mentalité, il est vraiment frère avec la clique de Bachar. Le porte-parole des AE algériennes a raison de dire qu’il s’agit de « frère ». Le livret de famille idéologique fait foi de cette fraternité. Ce n’est pas notre cas. Nous, on le dit directement « Monsieur l’ambassadeur de Bachar, quittez notre pays : nos martyrs ne veulent pas de votre ombre sur notre terre ».
13 août 2011
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