SPORT, CULTURE ET SOCIÉTÉ DE ZOHRA ABASSI
Le corps, quel problème?!
Mercredi 02 Août 2006
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Est-ce une interrogation ou une exclamation? La réponse ne pourrait être que mi-figue, mi-raisin, si elle s’inspire des seules normes sociales en cours.
En publiant Sport, culture et société, Zohra Abassi s´intéresse au statut du corps humain dans notre société arabo-musulmane.
Cet intérêt est sérieux et mérite plus que de l´attention, il réclame un débat ouvert sur une réalité absolue, car vivante, diversement examinée, surtout diversement appréciée.
En effet, s´y mêlent toutes les raisons, celles qui visent le vrai, comme la Connaissance, ou le bien, comme l´Action. Il y a de la science pure, de la philosophie générale, de la religion (et tout spécialement notre société concernée par l´islâm), de la Morale, et plus largement de la culture et de la civilisation…Normes et valeurs de cet ensemble se tiennent mutuellement pour requérir un fondement qui fait l´authenticité de l´être.
L´auteur, qui est docteur en psychologie, enseignante et chercheur à l´Université d´Alger, aborde un thème d´actualité par «une analyse psychologique des freins au changement du statut du corps en Algérie», tout en dépassant les observations ou les opinions qu´il suscite et qui n´élèveraient en rien le débat.
Constatant le «faible taux de la pratique sportive en Algérie», en particulier celui des femmes algériennes, l´étude trouve prétexte dans cette remarque: «l´individu semble préoccupé à investir son corps davantage dans le sens des objectifs anciens même si par ailleurs il souscrit à certaines ambitions de type moderne: celles-ci donnent souvent lieu à des dimensions surajoutées au mode de vie habituelle. C´est ainsi que se propose la persistance du statut traditionnel du corps qui impose des rôles sociaux normatifs. Ceux-ci entraînent des conduites corporelles correspondantes. Mais si pour une grande part, le statut traditionnel du corps reste efficace concernant les jalons principaux de la trajectoire de vie, il englobe aussi des interdits et des tabous comme ceux de la séparation des sexes, de la tenue vestimentaire, etc. Et c´est principalement par le fait que la pratique physique et sportive, en donnant l´accès à une forme d´expression corporelle nouvelle, bouleverserait par là même certaines prescriptions anciennes.»
La problématique du corps est exacerbée par des impératifs de «style de vie actuel» privilégiant «la fusion de l´individu dans le groupe familial, culturel et plus largement social. Une telle configuration sociale qui privilégie le collectif sur l´individuel, le corps au service du groupe sur le corps comme source de plaisirs et de besoins personnels caractérise encore la société algérienne.» Or il ne s´agit pas d´un culte du corps, il s´agit de construire le corps pour le mettre, grâce à une favorable disposition, toujours correctement en fonction, car autant il est délivré par la gymnastique, autant mieux, pour le principal, ce corps d´homme ou de femme servira la société. Sans doute certains y verraient là «une transgression de l´ordre établi» et ne manqueraient pas de craindre (ou d´aiguer!) le «voyeurisme» lors des entraînements ou des compétitions sportives.
Je crois qu´il est bon de lire l´ouvrage Sport, culture et société de Zohra Abassi.
L´analyse de «l´habitus» social actuel y est fine, juste et instructive. On comprendra aisément de quelles entraves culturelles souffre encore notre société qui semble, pourtant, chaque jour s´engager un peu plus dans le processus d´un légitime progrès.
11 août 2011
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