XXI. Ici nous cessâmes de causer et de faire route ensemble. On voyait de là quelques habitations sur la gauche, et mes deux compagnons tournèrent de ce côté. Pour moi, je fis halte à la première auberge que je trouvai en entrant en ville; et m’adressant à l’hôtesse, qui n’était pas des plus jeunes, je lui fis quelques questions: Est-ce bien ici Hypate?
– Oui. – Connaissez- vous Milon, l’un des premiers de la ville? Elle partit d’un éclat de rire. Le premier sans contredit, reprit-elle; car il demeure au Pomerium, tout à fait en dehors des murs. – Raillerie à part, ma bonne femme, dites-moi, je vous prie, quel homme c’est, et où il loge. – Voyez-vous ces fenêtres là-bas, qui donnent sur la rue? On entre de l’autre côté par une impasse. C’est la maison de votre homme, richard s’il en fut, tout cousu d’or, mais ladre fieffé, et décrié universellement pour ses vilenies. Il gagne gros à prêter à usure, et sur bons gages d’or ou d’argent. Il vit renfermé dans son taudis, avec sa femme qui lui ressemble de tous points. Une servante, une jeunesse composent tout son domestique. Quand il sort, on le prendrait pour un mendiant. Le portrait me fit rire. Mon ami Déméas a eu vraiment une attention délicate, en me donnant, à moi voyageur, une pareille recommandation. Voilà un logis où je ne serai incommodé ni de la fumée, ni de l’odeur de la cuisine.
9 août 2011
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