Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (118e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 117e partie : Frida perd son second bébé. Et elle apprend par un télégramme que sa mère est mourante et qu’elle doit rentrer au plus vite si elle veut la revoir vivante.
Diego la laisse partir.
— Dès que j’aurai fini ce que j’ai à faire, je te rejoindrai !
Mais Matilda meurt peu après. Nouveau choc pour Frida qui va mettre plusieurs jours pour remonter la pente.
Diego aussi traverse une phase critique, il est inquiet, amaigri… Mais il reprend vie quand il apprend qu’on le demande à New York. Rockefeller, le milliardaire lui fait une commande, pour le Rockefeller Center de New York.
— J’y vais dit-il sans hésiter à Frida.
Il la regarde. Il sait qu’elle n’aime pas les Etats-Unis et les milliardaires.
— Tu m’accompagnes ? demande-t-il.
La jeune femme hésite puis elle finit par accepter : après tout, ce voyage l’aidera à sortir de son isolement.
A New York, Diego peint avec passion la fresque L’homme au croisement. Mais sa peinture, pas encore achevée, provoque un scandale. Rockefeller fulmine :
— Qu’est-ce que ce rouge qui enlaidit le mur ?
Diego tente de se justifier, mais il n’a pas d’argument quand le magnat lui jette au nez :
— Et ces portraits de Marx et Lénine ?
— Ce sont des personnages importants de l’histoire contemporaine…
— Des communistes, des bolchéviks ! Comment pouvez-vous faire figurer ces personnages honnis du monde libre sur les murs de mon centre ?
Diego veut rectifier le tir, il fait cette proposition :
— Et si on remplaçait Lénine par Lincoln ? Lincoln est considéré comme l’un des plus grands Présidents que l’Amérique ait eu, vainqueur des sécessionnistes, partisan de l’égalité raciale et de la démocratie. Diego propose également de rebaptiser la fresque L’homme, contrôleur de l’Univers, mais Rockefeller refuse.
— je vous retire le projet !
Diego ose espérer que le magnat reviendra sur sa décision mais dès le lendemain, on lui refuse l’entrée du chantier : des ouvriers munis de brosses et de seaux d’eau viennent effacer son œuvre ! Diego assiste, impuissant, à la destruction de son œuvre ; il n’abandonnera pas pour autant son idée, puisqu’il la reprendra, l’année suivante, pour le palais présidentiel de Mexico. Mais pour lui, l’aventure américaine est terminée. Comme pour prendre sa revanche, Diego va travailler avec un artiste américain, Ben Shahn. Ensemble, ils réaliseront une grande fresque qu’ils dédieront aux ouvriers américains. Dans cette fresque, Diego passera d’un répertoire stylistique, emprunté à l’art précolombien du Mexique, à un style réaliste qui vise à frapper le public. L’objectif de la peinture, dira-t-il, n’est pas de séduire, par des figures et des symboles, mais d’éveiller le peuple, de lui faire prendre conscience de sa situation, de le pousser à lutter pour résoudre ses problèmes.
Cet objectif didactique et révolutionnaire se précisera dans les œuvres ultérieures de Rivera. (A suivre…)
9 août 2011
1.Extraits, K. Noubi