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A FONDS PERDUS «L’effet enseignant»

9 août 2011

Contributions


Chronique du jour : A FONDS PERDUS
«L’effet enseignant»

Par Ammar Belhimer
ambelhimer@hotmail.com

Les parents d’élèves ont raison d’user de tous les stratagèmes – et surtout de leurs «connaissances» — pour placer leurs enfants dans les meilleurs établissements ou, surtout et lorsqu’ils le peuvent, de les confier aux soins des meilleurs enseignants. De même que ces derniers ont raison de réclamer les meilleures conditions de vie et de travail. De la satisfaction de leurs revendications socio-professionnelles dépend l’avenir de nos enfants.


Telles sont également, en substance, les conclusions des études les plus récentes et les plus sérieuses sur ce qu’il est convenu d’appeler «l’effet enseignant». De quoi s’agit-il ? La performance des politiques éducatives a révélé l’importance cruciale d’un paramètre ou levier, parmi tant d’autres (réaménagement du temps scolaire, révision des programmes, modulation des moyens — taille des classes, cours de soutien), c’est l’enseignant lui-même. Une recherche récente en éducation met plus que jamais en évidence l’importance de l’enseignant sur les acquisitions des élèves(*). Menée par le Centre d’analyse stratégique, une institution d’expertise et d’aide à la décision placée auprès du Premier ministre français, qui a pour mission d’éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques les plus variées, elle ne peut donc être soupçonnée de partialité ou de corporatisme. L’«effet enseignant» (ou «effet établissement ») est établi lorsque les résultats d’un élève dépendent de l’enseignant (ou de l’établissement) auquel il est affecté. Le document donne une première mesure du poids du paramètre enseignant parmi l’ensemble des facteurs concourant à la réussite de l’élève : «Toutes choses égales par ailleurs, notamment à niveau initial et catégorie professionnelle des parents identiques, 10 % à 15 % des écarts de résultats constatés en fin d’année entre élèves s’expliquent par l’enseignant auquel l’enfant a été confié (…) Dire que l’effet enseignant explique 15 % de la variance des résultats entre élèves, c’est dire que si les enseignants étaient tous identiques, les écarts de résultats entre élèves, tels que mesurés par la variance, seraient inférieurs de 15 % à ce que l’on constate effectivement.» On peut même aller au-delà de cette proportion sans grand risque d’erreur : «Une synthèse de dix-sept analyses menées aux États-Unis entre 1971 et 2002 à différents niveaux de l’école élémentaire indique qu’entre 7 % et 21 % de la variance des acquisitions entre élèves seraient attribuables à l’enseignant». Les études menées depuis plus de quarante ans établissent par ailleurs d’autres vérités qui toutes replacent l’enseignant au centre du système éducatif : d’abord, que l’ampleur de l’«effet enseignant» est supérieure à celle de l’«effet établissement », ensuite que la portée d’une augmentation de l’efficacité pédagogique d’un enseignant est potentiellement supérieure à celle d’une diminution de la taille des classes, enfin que l’impact de l’enseignant s’estompe assez vite une fois que l’élève change d’enseignant mais que les impacts des enseignants successifs réunis peuvent se cumuler. Ces vérités n’ont pas toujours été évidentes. Ainsi, au milieu des années 1960, les différences d’acquisition des élèves étaient plutôt rattachées à des facteurs extérieurs à l’école, notamment au contexte familial. Cette «vérité» s’avéra hâtive. La part de l’enseignant dans la performance des systèmes d’enseignement ne sera mise en évidence que dans les années 1970 aux Etats-Unis, au milieu des années 1980 en France et toujours pas… chez nous. Il faut admettre que la mise en évidence de l’influence et de l’efficacité de l’enseignant sur les acquisitions des élèves est une opération «délicate», avertit l’auteur de l’étude. La variance des acquisitions attribuables à l’enseignant change d’une matière à l’autre et semble être plus forte en mathématiques qu’en langues. En replaçant l’enseignant au centre de toute politique et de toute démarche, on devient plus sensible à la question de savoir quel pourrait être le résultat d’une augmentation de l’efficacité des enseignants ? Ce résultat est non négligeable pour l’élève. Et il a été quantifié : «Passer d’un enseignant pas très efficace à un enseignant efficace permettrait à un élève moyen de gagner 13 places sur 100 dans le classement des élèves. En mathématiques, l’effet enseignant étant plus important, le gain de places le serait également : l’élève moyen gagnerait 18 places sur 100 dans le classement des élèves.» Mais il convient encore de s’interroger sur le caractère persistant ou non de l’effet enseignant. Outre-Atlantique, des études sur des données expérimentales, dans lesquelles les enseignants sont affectés aux classes de façon aléatoire, laissent penser que l’effet enseignant est durable, même s’il s’émousse au cours du temps, et qu’il peut par ailleurs se cumuler. Cette usure de l’effet enseignant est confirmée mais elle ne lui est pas propre. Il en est de même pour l’effet de la réduction de la taille des classes. Si l’effet de l’enseignant s’estompe au cours du temps, il peut en revanche se cumuler. «Les études sur l’effet enseignant nous livrent donc plusieurs résultats importants : premièrement, l’enseignant a un impact significatif sur les acquisitions de ses élèves et les enseignants diffèrent sensiblement du point de vue de leur capacité à faire progresser leurs élèves ; deuxièmement, si l’on arrive à faire progresser sensiblement les enseignants en efficacité, on peut en attendre des effets potentiellement supérieurs à ceux qui résulteraient d’une diminution importante de la taille des classes ; troisièmement, au cours du temps, les impacts des enseignants successifs se cumulent mais le rôle qu’a eu chaque enseignant sur les acquisitions de ses élèves s’estompe assez vite.» Voilà qui nous invite à déterminer quelles sont les caractéristiques des bons enseignants. Lorsqu’on cherche à établir quelles sont les caractéristiques d’un bon enseignant, le premier réflexe consiste à tester l’effet de ce qui se mesure simplement : le niveau de formation initiale (considéré comme étant «soit faible, soit non significatif») et l’ancienneté ou l’expérience professionnelle (qui a «un rôle distinguant») Pour mesurer l’importance de l’ancienneté, il suffit d’observer la manière dont l’enseignant travaille, in concreto, donc la façon dont, concrètement, l’enseignant exerce son métier. Toutes les études émanant de la psychologie, de la pédagogie ou des sciences de l’éducation convergent pour dire que l’efficacité de l’enseignant se construit dans l’interaction avec sa classe. Parmi les facteurs qui expliquent les différences d’efficacité entre les enseignants, on peut, sans chercher à être exhaustif, en citer au moins quatre : primo, le temps quotidien réellement disponible pour le travail ; secundo, les attentes des enseignants ou effet «Pygmalion» qui désigne l’influence auto-réalisatrice des attentes des enseignants enseignants sur les résultats des élèves ; tertio, le «feedback» ou la façon dont le maître apporte des corrections aux erreurs des élèves ; quatro, la structuration des activités pédagogiques, la règle étant qu’il est plus facile d’apprendre lorsque le cours est bien structuré. A la question de savoir si les enseignants sont plus performants lorsqu’ils sont mieux payés, l’exploitation des données de l’OCDE établit une corrélation directe entre le niveau de rémunération du personnel enseignant et la performance des élèves. En comparant entre eux les 28 pays pour lesquels ils disposent de données, l’OCDE conclut qu’en moyenne, une augmentation de la paie annuelle des enseignants de 5 000 dollars est associée à une augmentation de la performance des élèves de 10,3 %. Aussi, une rémunération élevée permettrait d’augmenter le nombre de candidats potentiels aux postes d’enseignants et donc d’améliorer la qualité des candidats retenus.
A. B.

(*) Centre d’analyse stratégique, La Note d’analyse n° 232 — juillet 2011, Que disent les recherches sur l’ «effet enseignant» ? disponible sur le site www.strategie.gouv.fr, rubrique publications.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/08/09/article.php?sid=121238&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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