par El-Guellil
La crise économique, l’OMC, la Banque mondiale, le FMI, la dette américaine, notre or qui rouille chez eux, c’est pas mon affaire. C’est de la politique, et moi, je n’en fais pas de la politique.
Tout ce que je sais c’est que rien ne va plus dans l’immeuble, ni ceux du dessus, ni ceux du dessous, ni ceux du milieu ne vivent comme avant. Ceux du dessus, qui travaillaient tous dans une grande surface commerciale, se retrouvent tous au chômage. Et pour cause ! L’aîné, qui était grosse pointure, avait dégoté à ses frangins et frangines des emplois sur mesure. Bien entendu, intelligent comme il l’était, l’aîné, c’est dans d’autres unités qui ne dépendaient pas de lui qu’il les avait recrutés. En échange, il embauchait les frangins des autres. C’est ce qu’on appelait le recrutement « ben-ammisse ». Fatalement, ces boîtes, gérées de la sorte au temps du monopole, étaient vouées à la faillite. Donc solde de tout compte et c’est tout le beau monde qui se retrouve à la rue. Sauf bien sûr l’aîné-cadre qui, lui, a bénéficié d’un local cédé par son ancien employeur dans le cadre de la cession des biens aux travailleurs. Pourquoi, me diriez-vous, n’emploie-t-il pas ses frangins dans ce qui, aujourd’hui, est devenu son bien ? « Ce sont des bras cassés, pense-t-il, ils ne savent rien faire et je ne peux pas mettre mon bien entre leurs mains, ils me couleront. Je préfère des braouilla efficaces avec des bagages, je suis certain que, bien payés, ils se démèneront pour la prospérité de ma boîte. » Pourquoi ne réfléchissait-il pas de la même manière alors qu’il était à la tête de l’entreprise publique ? Va savoir !
Ceux du milieu, mes voisins, étaient dans l’importe-quoi. Maintenant que les firmes étrangères arrivent tu m’as compris l’argent de la regsa est parti avec Charlot !
Ceux du dessous, sans sens dessus dessous. Traditionalistes, conservateurs, ils interdisaient à leurs femmes de travailler. Maintenant que la réalité « marmittienne » du marché est là, ils sont très las, et ce sont les bonnes femmes qui subviennent aux besoins de la maisonnée. Ils disent actuellement « heureux celui qui a une mra chatra fel menzil, et
el khadma chrifa lelmara
»
8 août 2011
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