Il est plus facile d’aimer ses proches et surtout les petits enfants quand on a atteint un certain âge, que ses « ennemis » sur le plan politique, ceci dit sans viser personne en particulier. L’âge avançant, on tend à s’accrocher aux vraies valeurs qui sont celles de la famille ainsi que tout ce qui rappelle la fraîcheur et l’innocence perdue à travers les petits enfants. La haine est un sentiment naturel, suscitée par tout ce qui est perçu comme
pouvant amoindrir le sentiment de notre puissance d’exister, puissance étant entendue au sens le plus large. Quand on l’éprouve donc, que ce soit à juste raison, par exemple, quand comme moi, on hait le crime d’honneur en tant que coutume, parce qu’il s’agit de la négation de la dignité humaine des femmes, on peut néanmoins se le voir reprocher par des gens qui ne manquent pas d’y voir de la haine et de la condamner. A juste titre ? La haine, même suscitée par une juste cause, doit être dépassée pour ne pas la salir. Car la haine s’étend toujours aux personnes et a besoin d’un objet auquel on peut demander des comptes. Si une pierre me tombe dessus, cela me fera mal physiquement autant mal que si quelqu’un me l’a lancée. Mais je ne pourrai haïr la pierre, par contre, la personne qui l’a lancée, oui. La haine me poussera à la vengeance, à l’application de la loi du talion dont Gandhi disait que son application conduirait à ce que le monde soit détruit. Pour maîtriser une haine suscitée par une cause légitime, il faudrait appliquer les préceptes des grands sages de tous les temps et tous lieux : refuser de rentrer dans l’engrenage de la haine. Car il suffit de haïr quelqu’un pour quelque raison que ce soit, pour qu’aussitôt, il vous haïsse à son tour et s’en sente autorisé. Car la haine est menaçante, elle porte le désir de la mort de son objet, même si la peur du gendarme, de la vengeance, du châtiment éternel ou le surmoi suffisent habituellement à la modérer. Quand j’observe le lynchage médiatique de certaines personnalités, je ne peux m’empêcher d’y sentir le goût du sang. La haine peut se contrôler par l’éducation et par la connaissance de soi tout au long de sa vie. Il faut en effet bien se connaître pour être plus tolérant à l’égard des autres. Et si, comme le disait Socrate, les méchants ne l’étaient pas volontairement ? Ce qui n’empêche pas qu’il faille s’en protéger ! Comment? En tout cas avec le moins de haine possible ! Une étude, celle de Semir Zeki et John Romaya du Welcome Laboratory of Neurobiology à l’University College London, publiée. Selon ces chercheurs, la haine est un «sentiment biologique complexe», comme le sont aussi l’amour romantique et l’amour maternel, qui, depuis que le monde existe, a poussé les individus tant au mal qu’à des actions héroïques. Toutefois, contrairement à l’amour romantique, la haine n’a pas besoin d’être dirigée vers une personne ; ses objets sont multiples et variés : une personne, une société ou un groupe ethnique. La personne peut être une proche connaissance ou une personne publique. Les auteurs de cette étude n’ont pas cherché à établir de distinction entre les types de haine personnelle. Ils ont recruté des individus à qui ils demandaient de se porter volontaires seulement s’ils éprouvaient une haine intense pour quelqu’un. Ils ont alors scanné 17 sujets normaux pendant qu’on leur présentait le visage d’une personne qu’elles haïssaient en même temps que celui de personnes de leur connaissance envers lesquelles leurs sentiments étaient neutres (témoin). L’étude, scientifiquement menée, a révélé un schéma de base, commun chez toutes les personnes étudiées : face aux images des personnes haïes, elles activent des zones précises du cerveau qui pourraient, ensemble, être cataloguées de «circuit de la haine».Ces zones précises sont très spécifiques et constituent un circuit distinct de celui d’autres émotions liées à la haine, comme la peur, l’agression et le danger, bien qu’il y ait partage de zones communes. En revanche, le circuit de l’amour romantique, certes partiellement distinct de celui de la haine précité, partage néanmoins deux localisations cérébrales avec celui-ci. Aurait-on du même coup démontré sur le plan neurologique ce que la psychanalyse dit depuis longtemps, à savoir que l’amour et la haine sont très proches l’un de l’autre ? En tout cas, selon la science, l’amour et la haine, ce n’est pas le coeur, mais le cerveau. S’Il y aurait donc une biologie des sentiments, fini les mystères et souffrances de l’amour ! Je ne crois malheureusement pas que mieux connaître l’origine de nos sentiments nous rendra meilleur ou plus civilisé, sauf si on invente la pilule contre la haine !Une haine qui grandit au point de devenir une idée fixe tournée contre l’autre, rien de nouveau depuis Abel et Caïn !
Mme N. Amel
L’AUTHENTIQUE
8 août 2011
Contributions