VIII. En vérité, repris-je, tu mérites encore pis, s’il y a pis que ce qui t’arrive. Quel odieux libertinage! Quitter enfants et pénates, pour courir après une vieille peau de prostituée! Chut, chut, dit-il, portant précipitamment l’index à sa bouche et promenant ses regards autour de lui, comme pour voir s’il n’y avait pas quelque péril à parler. Il y a quelque chose de plus qu’humain dans cette femme. Retiens ta langue imprudente, ou tu vas t’attirer sur les bras une méchante affaire.
Oui-dà, m’écriai-je, c’est donc une puissance que cette reine de cabaret? C’est une magicienne, dit-il; elle sait tout: elle peut, à son gré, abaisser les cieux, déplacer le globe de la terre, pétrifier les fleuves, liquéfier les montagnes, évoquer les mânes de bas en haut, les dieux de haut en bas, éteindre les astres, illuminer le Tartare. Allons donc, lui dis-je, baisse le rideau, plie-moi tout ce bagage de théâtre, et parle un peu comme tout le monde. Veux-tu, me dit-il, un échantillon ou deux de ce qu’elle sait faire? En veuxtu davantage? Te dire qu’elle peut enflammer pour elle, non pas seulement les gens de ce pays, mais les habitants des Indes, mais ceux des deux Éthiopies; bagatelles! Ce sont là jeux de son art. Tiens, écoute ce qu’elle a fait ici même, et devant mille témoins.
8 août 2011
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