Le Carrefour D’algérie
Dimanche 7 Août 2011
Soug ennsa
Par Farida T.
Serons-nous un jour membre de l’ONU?
Le mariage à l’algérienne, du moins à l’Ouest algérien est «international». A quelques détails près, on se croirait à un conseil de l’ONU tant les tenues des mariées sont universelles, avec toutefois, les membres permanents que sont le kaftan marocain,
le sari indien, la tunisienne, la tenue pakistanaise et évidemment, la robe blanche venue d’outre Méditerranée. Exceptionnellement aussi, la broderie africaine est invitée à prendre place à côté des robes syriennes. En véritables ambassadrices donc, les mariées déambulent devant les convives, parées de leurs plus beaux atours, fières d’exhiber des costumes qui ne leur appartiennent réellement pas. Des tenues dont elles ignorent toute l’Histoire. Des déguisements presque. Le prestigieux Karakou aux fils d’or, la robe constantinoise aux sept dômes et aux louis de 10 centimes, la frimla par-dessus el mensoudj en soie véritable, et seroual chelqa ne suffissent apparemment plus… Finie la blousa, el hwiyyek, el jabadouli, et autre robe berbère,…Tout a été enterré avec notre langue, notre histoire, notre patrimoine et… leurs chaînes satellitaires. Pire encore, même le concept du déroulement de la fête a été importé: des «negueffetes», made in Algéria vous proposent un mariage à la marocaine. Comme si on ne pouvait plus se marier à l’algérienne… Comme s’il nous était impossible d’innover, d’inventer, de moderniser et que tout ce qui était à notre portée c’était de «copier»… Comme si notre cérémonial n’était plus suffisamment folklorique, ni plus suffisamment festif, qu’il faille rechercher l’exotique, le supplémentaire, le «parfait» ailleurs. Dans un sens, c’est normal. C’était prévisible: C’est le reflet d’une société en mal d’identité. Une société qui s’est achetée une légitimité «moyen-orientale» et qui continue de payer un passé «occidental». Une société qui a honte de sa langue maternelle. Une société qui occulte son histoire et au lieu de fructifier son inter culturalité, la porte comme un boulet, une tare. Pourquoi les autres pays ne nous copient-ils pas? Sommes nous réellement incapables d’exporter quoi que ce soit? N’avons-nous vraiment rien à vendre? D’accord, on n’a pas d’industrie automobile à exporter, ni de technologie, ni de produits agroalimentaires, ni de médicaments, ni de science, ni d’ingénierie, ni d’art, ni de bâtiment, ni d’hydraulique, ni… mais, on a une Culture qui vaut autant qu’une autre. On a un patrimoine qui vaut autant qu’un autre. On a une Histoire qui vaut sûrement plus que bien d’autres, car, fruit de brassage et de métissage de plusieurs peuples. Sauf qu’il nous sera toujours impossible d’exporter nos tenues traditionnelles et notre culture tant que nous-mêmes nous les sous-estimerons et les renierons. Et il ne faudra surtout pas rêver d’être membre de l’ONU quand nos tenues traditionnelles n’ont franchi ni l’UMA, ni l’OUA.
7 août 2011
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