«En vérité, la vérité, il n’y a pas de vérité!»
par El Houari Dilmi
Parce qu’il a cru pouvoir marcher sur la neige sans laisser de traces, Chalachou a été condamné à retourner s’user les culottes à l’école des quatre vérités où on lui enseigna une leçon inoubliable. Seul, face à son alter ego revenu à la vie après un siècle de surcongélation,
celui-ci apprit à Chalachou que quand la Vérité met le poignard à la gorge, il faut toujours baiser sa main blanche, quoique tachée de sang encore chaud. Troublé jusque dans son âme retournée, Chalachou sombra dans un coma profond. Embrassant sur la bouche la grande faucheuse, tout de gris noir vêtue, il vit le mauvais film de sa vie se dérouler sous ses yeux mi clos, mi exorbités. Une voix sépulcrale surgit par-delà les nuages et susurra dans l’oreille « bouché » de Chalachou : Qu’est-ce que la vérité, sinon qu’elle n’est jamais bonne à dire, ni même à chuchoter dans loreille d’un sourd. » La vérité vaut tellement le coup qu’on court à âme (é) perdue après qu’elle mérite qu’on passe toute notre vie sans jamais la trouver. Seule une femme sait à quel point la vérité fait mal à un mâle, le saviez-vous ? Oui, Chalachou, parce que toute vérité n’est pas à déclamer. Criée sur tous les toits. Gravée sur les fronts proéminents des diseurs de bonne aventure. Des thaumaturges et des néo-prophètes.
Revenu à ses esprits « évaporés », Chalachou se remémora la belle leçon de sa mère douceur qui lui apprit, tout gredin qu’il était, que la vérité est un fruit qui ne doit jamais être cueilli que s’il est mûr à point mais pas trop blet. A la vérité, le plus lourd des fardeaux que le bipède porta sur son dos est cet art quasi inhumain qui consiste pour un homme muet à donner sa parole d’honneur à un mur qui n’a pas d’oreilles.
Rasant à ras sa « boîte à préjugés », Chalachou rédigea une lettre en sept mots, écrite sur du papier-cadeau, qu’il jeta à la mer démontée. Poussant le bouchon jusqu’au-delà du goulot, Chalachou se rasa cils et sourcils, pour ne jamais croire à la vérité sur Terre, sauf avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. Et comme l’art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité, avait dit je ne sais quel brillant esprit, l’histoire léguera à l’homme de demain que Chalachou, en voulant inventer un « machin » à détecter les gros bobards, mourut d’ennui et de désespoir, la bouche béante et les yeux grand ouverts, tant le mensonge lui manqua jusqu’à l’asphyxie
7 août 2011
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