Ainsi va la vie
La belle inconnue (4e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 3e partie : Omar, enseignant à l’université, est attaché à sa mère qui veut le marier pour, dit-elle, mourir tranquille.
Il est le cadet de quatre enfants, deux garçons et deux filles. Les filles sont mariées depuis plusieurs années, le garçon, lui, s’est marié il y a deux ans. Il est médecin et travaille à l’hôpital ainsi que sa femme, Nadjet. Comme avec la naissance de leur premier enfant, Karim, l’appartement familial est devenu trop petit, ils ont obtenu un prêt de leur banque pour acheter un logement. Depuis qu’ils sont partis, Omar s’est retrouvé seul avec sa mère qui n’a plus alors qu’une idée en tête : marier son cadet.
Elle lui a déjà présenté plusieurs filles, mais à chaque fois il leur a trouvé un défaut, ce qui a, à chaque fois, pour effet, de mettre la brave femme en colère. Finalement, Tahar et Nadjet lui ont expliqué que Omar a le droit de choisir lui-même la femme de sa vie et qu’elle ne doit pas chercher à lui forcer la main.
— D’accord, a-t-elle dit, mais qu’il fasse vite alors !
— Il lui faut trouver chaussure à son pied !
— Je vous l’ai dit, il doit faire vite !
Omar n’a pas du tout l’intention de «faire vite». En réalité, sa préoccupation pour le moment n’est pas le mariage, mais sa thèse de doctorat.
Il a bien connu quelques filles mais ce ne sont jusqu’à présent que des relations épisodiques. Il pense que le mariage est une affaire trop sérieuse. Sa mère, elle, croit que le mariage est plutôt une sorte d’accord : on n’a pas besoin de se fréquenter très longtemps pour se marier.
L’essentiel pour l’homme est que la femme soit honorable et de bonne moralité, l’essentiel pour la femme est que l’homme gagne honnêtement sa vie et qu’elle sera à l’abri de la misère.
— C’est là une conception vieillie ! proteste Omar. La plupart des femmes travaillent aujourd’hui, regarde la femme de mon frère ! elle n’attend pas qu’il lui assure le manger ! Elle a le même niveau que lui et elle gagne exactement ce qu’il gagne !
— Je sais, répond Aïcha, mais je maintiens : un homme doit être choisi pour son honnêteté et une femme pour son honorabilité.
Parfois, il la taquine.
— Je n’épouserai qu’une femme qui travaille !
— Comment feras-tu pour les enfants ?
— Il y a les nourrices… Nadjet dépose chaque matin Karim chez la sienne !
— Oui, mais il est bon que la mère élève elle-même ses enfants !
— Alors, moi, si je dois épouser une femme qui reste à la maison, je ne me marierai pas !
— Non, non, s’écrie Aïcha, marie-toi avec une femme qui travaille ! Moi je te garderai tes enfants, je les élèverai ! L’essentiel est que je te vois marié ! Que je serre tes enfants dans mes bras !
Il est ému jusqu’aux larmes.
— Je souhaite que ce soit toi qui élèves mes enfants !
— Alors mon petit, n’hésite pas trop longtemps… La vie est si courte !
En la regardant attentivement, il la trouve vieillie et il se dit, avec consternation qu’elle peut mourir. S’il l’aime vraiment, il doit lui donner le bonheur qu’elle ne cesse de lui réclamer depuis longtemps. (A suivre…)
Une date, un fait Edition du 7/8/2011
http://www.infosoir.com/edit.php?id=130442
7 août 2011
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