Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Les images d’une fin honteuse
L’image d’un procès attendu pour les uns, embarrassant pour les autres, à l’appui d’une retransmission en direct via les télévisions du monde, restera gravée dans la mémoire des Egyptiens. Le gros plan sur Moubarak et ses fils derrière les barreaux,
lui alité, eux debout face aux juges niant toute implication des reproches qui leur sont faits, rappelle le procès de Saddam. Gamal dont les algériens se rappellent le « bras d’honneur » à la fin du fameux match de qualification au mondial, tient en sa main droite un livre supposé être le Saint Coran. Le regard apeuré, jouant le souffleur à son père malade en position horizontale, il nie tout. Absolument tout, lui qui se préparait depuis longtemps déjà, à la succession présidentielle. Que faut-il en déduire ? Trop tôt pour le dire sauf qu’en dehors de l’Académie de police où se déroule le procès, le peuple agglutiné face à un écran géant continue à s’affronter entre pro et anti Moubarak. L’Egypte s’en sortira-t-elle ? De quoi, répondront les esprits saints ajoutant que l’Egypte a déjà gagné, si le combat consistait à recouvrer la liberté au prix de vies humaines et un retard économique, pour le moment représenté par un manque à gagner dans le domaine touristique, principale ressource du pays. Le problème est de savoir si ce procès mettra un terme aux revendications populaires où les frères musulmans essaient de se frayer un chemin sûr vers les cimes du pouvoir et ils sont pour cela assez nombreux et bien structurés. Pour le moment il est question de rendre compte de la répression contre les manifestations pacifiques, de rendre compte du gaz vendu à Israël considéré comme l’ennemi numéro un, de rendre compte de l’aide transformée en argent de poche et des innombrables affaires traitées sur le dos d’un peuple converti en une colonie de mendiants. Pour l’instant. Le reste apparaitra comme le résultat de plus de trente ans de pouvoirs sans partages durant lesquels toute opposition a été muselée, réduite à une figuration sans consistance. Le choix de la date du procès ne semble pas fortuit, mais au contraire bien réfléchi sur le plan symbolique en réponse à tous les vendredis jours de prière, qui ont vu se rassembler des milliers de manifestants sur la plus célèbre des places de notre époque, la place Ettahrir. Certains y voient déjà une alliance entre l’armée et les islamistes pour l’avenir de l’Egypte, d’autres une simple concession conjoncturelle en attendant le point de vue de Washington. Les prochaines élections promettent bien des surprises et le procès du clan qui a longtemps confisqué le pouvoir ne sera qu’un bon ou mauvais souvenir. C’est selon. La plus forte des images a déjà pris place dans la mémoire collective, reste à savoir si elle servira les intérêts d’un peuple en attente.
6 août 2011
Contributions