En se penchant sur les versets coraniques, on peut remarquer que le jeûne est avant tout, une prescription divine («Le jeûne vous est prescrit …») que le Croyant doit observer pour faire preuve de crainte révérencielle envers le Créateur
(« Peut être craindrez-vous Dieu »). Et comme pour faire prendre conscience aux croyants de l’importance et de la nécessité de cette prescription, Dieu leur précise que le jeûne est un bien dont ils devraient et pourraient comprendre les effets («Jeûner est un bien pour vous. Peut-être le comprendrez- vous»). Aussi la Tradition (les paroles du Prophète et des Imams) s’est-elle évertuée à expliquer ces effets bénéfiques et à préciser les buts du jeûne, que l’on peut résumer et répartir dans les points suivants: S’exercer à la patience et affermir sa volonté Le jeûne de Ramadan, tel qu’il est prescrit par l’Islam est le moyen par excellence d’apprendre à patienter. Cette vérité évidente et concrète pour tous ceux qui accomplissent le jeûne, est clairement soulignée dans les Textes sacrés qui présentent cette obligation cultuelle comme synonyme de « patience ». En effet, selon une Parole divine révélée au Prophète, Dieu a dit: « Toutes les bonnes actions des descendants d’Adam sont récompensées de dix à sept cents fois leur mérite sauf la patience, pour laquelle Je décide la récompense Moi même. Or, la patience, c’est le jeûne. » Le Prophète lui-même a dit du mois de Ramadan qu’il est: « Le mois de la patience, laquelle est récompensée par le Paradis ». L’Imam Ja’far al-Çâdiq a conseillé: «Si un homme venait à être victime d’un grand mal, qu’il jeûne, car Dieu a dit: “Demandez l’aide de la patience …”, c’est-à-dire, du jeûne.» En fait, en le schématisant, le jeûne consiste à s’abstenir – pendant un temps relativement long – de satisfaire un pressant besoin naturel et légitime qu’on a l’habitude de satisfaire normalement – et qu’on peut satisfaire facilement – dès qu’il se fait sentir. Une telle abstention dont la seule motivation est l’engagement moral pris par le « jeûneur » de la respecter, commande forcément une volonté et une patience renouvelées pendant une «longue journée » qui se répète durant un « long mois ». Se libérer des habitudes quotidiennes Le jeûne est l’expression de la soumission aux jugements de Dieu, et de l’interruption de l’assujettissement aux impératifs de certains besoins du corps, qui sont ordinairement légitimes et légaux. Il constitue donc un écran vis-à-vis des coutumes courantes et un engagement provisoire dans une vie austère qui fait sentir à celui qui s’y engage, la faim et la soif, dans 1’intention d’éduquer son âme et de la discipliner. Apprendre à résister à des habitudes aussi tenaces que celle de satisfaire la soif et la faim lorsqu’elles se font sentir, c’est se libérer de l’emprise de l’Habitude qui enchaîne généralement l’homme et limite sa liberté d’initiative. S’habituer à la discipline alimentaire Les médecins et les diététiciens s’accordent pour souligner la nécessité de respecter un certain ordre dans les horaires des repas et de ne pas les soumettre au caprice de la sensation et de l’appétit. Or, le jeûne consiste à s’abstenir de manger et de boire à partir d’une heure précise et à prendre les repas dans des heures plus ou moins précises. Pendant un mois le jeûneur apprend donc à maîtriser sa sensation de faim et de soif et découvre qu’il est très possible de ne s’y plier. Cela l’aidera généralement à mettre de l’ordre dans sa façon de s’alimenter et, occasionnellement, à supporter et à respecter sans difficulté un régime alimentaire lorsque son état de santé l’exigerait. Assainir le fonctionnement du corps Le Prophète a dit: «À toute chose une Zakât (aumône purificatrice), celle du corps est le jeûne.» Et “Jeûnez, vous serez en bonne santé.» Ces quelques mots résument les centaines d’études faites à travers le monde pour souligner les nombreux effets bénéfiques du jeûne sur notre organisme. Il n’est pas question de traiter ici de détails médicaux trop techniques, mais on peut rappeler quelques généralités à ce sujet. Ainsi, il est établi que la faim et la soif, engendrées par le jeûne, provoquent généralement la sécrétion d’acides de différentes glandeslesquels acides s’appliquent à détruire de nombreux germes porteurs de maladies- et réactivent d’autres glandes dont le bon fonctionnement est mis en veilleuse en raison d’un système d’alimentation monotone et invariable des années durant. En d’autres termes, le jeûne nous fournit l’occasion de réhabiliter la fonction du mécanisme naturel déclenchant la sensation de faim et de soif réelles, après que ce mécanisme a été altéré, au fil des jours et des ans, par des habitudes alimentaires répondant moins aux besoins effectifs du corps, qu’à des caprices gastronomiques et des impératifs d’ordre social, familial, psychologique etc. Ceci dit, on sait que de nos jours, beaucoup de médecins prescrivent la faim et la soif comme traitement pour guérir certaines maladies et pour en prévenir d’autres.
6 août 2011
Religion