II. Certaines affaires m’appelaient en Thessalie, dont vous saurez que je suis originaire aussi; car je me glorified’une descendance maternelle, dont la souche n’estrien moins que l’illustre Plutarque et son neveu le philosophe Sextus. Je gagnais donc la Thessalie, (2) tantôtgravissant les monts, tantôt plongeant dans les vallées,et foulant tour à tour l’herbe des prairies et les sillons des guérets. Je montais un cheval du pays, au poil blancsans tache; (3) et, comme la pauvre bête était rendue,que je n’étais pas las moi-même de me tenir en selle, je mis un moment pied à terre pour me dégourdir en marchant.Je commence par bouchonner soigneusementmon cheval avec une poignée de feuilles, pour étancher la sueur qui le couvrait. Je lui passe et repasse la mainsur les oreilles; je le débride. Puis je le mets au petit pas,pour lui procurer le soulagement ordinaire, l’évacuation d’un liquide superflu. (4) Or, tandis qu’allongeant le couet se tordant la bouche, mon coursier prélève, chemin faisant, son déjeuner sur les prés de droite et de gauche,insensiblement je me trouve en tiers avec deux compagnonsde route qui, d’abord, avaient eu quelque avance sur moi. (5) Prêtant l’oreille à leurs discours, j’entendisl’un d’eux s’écrier avec un éclat de rire: Allons donc!Trêve de balivernes! Assez de ces contes absurdes! (6)
À ce propos, moi, toujours affamé de ce qui est nouveau:Faites-moi part de votre entretien, leur dis-je. Sansêtre curieux, j’aime à tout savoir, ou à peu près. Voiciune côte assez rude; l’intérêt du récit va nous en faciliter la montée.
02. « Métamorphoses (Apulée) »
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6 août 2011
1.Extraits