Edition du Samedi 02 Janvier 2010
Editorial
Éphéméride
Par : Outoudert Abrous
La société civile, devenue peau de chagrin, est prise en otage par le panier de la solidarité, les partis politiques ne tentent plus un réveil salutaire, à défaut d’une prise du pouvoir, pour apporter, au minimum, la contradiction.
Que retenir de cette année qui laisse la place à une autre ? Trois faits importants ont marqué la scène internationale ; l’élection de Barack Obama à la tête de la plus grande puissance mondiale avec cet espoir partagé par tous que cet homme osera la rupture avec l’administration de son prédécesseur. Le second a été la crise financière internationale qui a déréglé l’économie mondiale et, plus encore, celle des pays émergents, et dont les répliques se font maintenant ressentir, malgré les dénégations des hommes au pouvoir. L’autre fait marquant, et non des moindres, est ce sentiment de révolte des “damnés de la terre”, les laissés-pour-compte de l’ONU et autres organismes. Il s’agit de l’avenir du Sahara occidental tenu en otage par le Maroc et géré par le Conseil de sécurité depuis plus de 20 ans. Il y a aussi ce jeu qui consiste à fomenter des coups d’État ou à prendre le pouvoir comme on achète, sur du papier, un patrimoine au jeu du Monopoly.
Les professions de foi ne suffisent plus, même si le religieux tient la vedette, jusque pour de mauvais rôles, comme ce fut le cas, exactement, lors de ce festival des grands au sommet de Copenhague et où l’on a vu l’hypocrisie réussir à étouffer l’effet de serre.
Chez nous, la réélection du Président et la Constitution modifiée ont paralysé tout esprit d’initiative des hommes qui nous gouvernent et de ceux qui aspirent à le faire. La société civile, devenue peau de chagrin, est prise en otage par le panier de la solidarité, les partis politiques ne tentent plus un réveil salutaire, à défaut d’une prise du pouvoir, pour apporter, au minimum, la contradiction.
La seule mobilisation que personne n’attendait a été offerte par l’équipe nationale de football qui a magnifiquement uni les Algériens le temps d’un exploit qu’aucun parti, y compris le parti dissous à son heure de gloire, n’a réussi : rassembler les Algériens de tous bords et de toutes tendances. Le génie algérien existe, mais si la suspicion, la peur et l’omniprésence du chef continuent à étouffer ces élans d’innovation et de patriotisme, on se retrouvera l’année prochaine à la même place. Les regrets et les lamentations ne tiendront plus la route, encore moins les références à la lutte de Libération nationale à chaque moment de fragilité. La révolution aura, il faut le dire, un demi-siècle d’âge, l’âge de la maturité et du compter sur soi.
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=127866
5 août 2011
Contributions, EPHEMERIDES