RSS

Ramadhan conjugué au féminin pluriel et au masculin singulier Souffles… Par : Amine Zaoui

4 août 2011

Contributions

Ramadhan conjugué au féminin pluriel et au masculin singulier Souffles… Par : Amine Zaoui dans Contributions logo_imp
Edition du Jeudi 04 Août 2011

Culture

Ramadhan conjugué au féminin pluriel et au masculin singulier

Souffles…


Par : Amine Zaoui

Autrefois, le mois du Ramadhan avait un autre goût. Les femmes, les hommes, les enfants, les voisins, les dattes et la table…

avaient de la magie. Même el-adhane avait son enchantement. Allah aussi avait, dans les cœurs et dans les prières, une autre présence. Dans le verbe, dans l’odeur et dans les yeux, tout était beau. Serein. Pour nos ancêtres, intellectuels et créateurs, ce mois fut un espace de débat, de création et d’amour. Le Ramadhan paraissait comme une pomme partagée en toute égalité et justice entre les femmes et les hommes. Complicité et harmonie. Pendant le mois du Ramadhan les espaces de la cité musulmane sont distribués en connivence et en entente, les uns aux femmes, d’autres aux hommes. Chacun des espaces, et selon l’occupant, propose et offre son génie artistique. Son intelligence sociale et intellectuelle. Jadis, avec ses traditions ancestrales, Ramadhan, par excellence, fut le mois du verbe. Le verbe religieux et païen. Le plaisir et le message. L’utile et l’agréable. On y célèbre le récit. On y développe l’art de l’écoute. Ainsi, les places publiques et les marchés populaires quotidiens ou hebdomadaires, notamment à quelques heures avant l’appel à el-iftar, regorgeaient d’acteurs d’art et de culture. Les faiseurs des spectacles fantastiques et  sensationnels s’installent dans la rue et les ruelles proposant des contes, récits, énigmes, épopées, sagas, fables et poésie populaire. Ils sont les gouals, les griots ou les hakawatis. Ils excellent dans la manie du verbe, dans le geste et dans le costume. Fascination. Tout est réfléchi. Tout est spontané. Des années plus tard, ces traditions esthétiques du « dire » ont révolutionné le théâtre maghrébin, arabe et universel. Ils ont bouleversé la monotonie de la narration romanesque. Le cinéma. Du génie ramadhanesque sur les places publiques et les marchés populaires sont nés les grands dramaturges et les éminents poètes populaires : Abderrahmane Ould Kaki et Abdelkader Alloula d’Algérie, Tayeb Saddiki et Abdelkarim Berrechid du Maroc, Azeddine El-Madani et Monsif Souissi de Tunisie, Saadallah Ouannous et Mamdouh Adouane de Syrie, Djawad Assadi et Moudaffar Anouab d’Irak, Fouad Nedjm d’Égypte… et d’autres.  Si les places publiques ont développé une sorte de culture conjuguée au masculin créée ou transmise  par des hommes à d’autres hommes, les femmes, quant à elles, à leur tour, elles ont choisi et occupé leur espace de création. Le verbe. Le royaume du symbole. Les tempêtes du sens. Elles ont veillé sur cet espace artistique, temporaire et géographique. C’est la maison ramadhanesque qui fut le théâtre de leur activité culturelle piquante. Les femmes, tout âge, se regroupent après l’heure d’el-iftar autour du nouveau genre artistique qu’elles avaient créé. Il est dit par les femmes. Destiné aux femmes. Ce genre artistique  s’appelle : l’art de la bokala. Des poèmes sur l’amour, l’espoir, la jalousie, la beauté, les hommes et les femmes. La sagesse au féminin. L’intelligence féminine. Même si le premier espace, celui des places publiques et des marchés, était réservé à la parole du masculin cette dernière tournait autour des femmes. L’odeur de la femelle. La beauté. La fidélité. L’amour. La guerre.
En contrepartie, l’espace squatté par les femmes était ouvert, à travers la parole poétique ou énigmatique, sur l’homme. L’envie. La virilité. L’absence. Le courage. L’argent. Le mariage. Le corps. La rouerie. Ainsi l’imaginaire ramadhanesque, à travers le goual et la boqala,  transgressait toutes les frontières en se conjuguant au féminin pluriel et au masculin singulier ou pluriel, qu’importe.

A. Z.
aminzaoui@yahoo.frhttp://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=160397&titre=Ramadhan%20conjugu%E9%20au%20f%E9minin%20pluriel%20et%20au%20masculin%20singulier&

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

S'abonner

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.

Les commentaires sont fermés.

Académie Renée Vivien |
faffoo |
little voice |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | alacroiseedesarts
| Sud
| éditer livre, agent littéra...