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Georges Habache : « Si la parole a besoin de l’action, l’action n’a pas besoin de paroles »

4 août 2011

Contributions

Georges Habache : « Si la parole a besoin de l’action, l’action n’a pas besoin de paroles »

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Par Djamal Benmerad

Je l’ai rencontré à Alger en 1982, du temps où l’Algérie était encore « La Mecque des révolutionnaires ». J’avais alors 26 ans et derrière moi 6 ans d’activités dans la formation clandestine Parti d’avant-garde socialiste (PAGS, communiste)

et 5 ans de journalisme. Je me rappelle lui avoir parlé de la docilité des régimes arabes envers Israël, alors qu’ils passent leur temps à faire des discours révolutionnaires. Il m’avait répondu : « Il faut s’adresser à la jeunesse arabe en particulier, et lui expliquer que si la parole a besoin de l’action, l’action n’a pas besoin de paroles ». Concernant l’attitude des USA envers l’Etat d’Israël, il m’avait affirmé ce que peu de gens soupçonnaient à l’époque : « Les Etats-Unis sont les vassaux d’Israël… Ils sont donc obligés, à vie, de leur payer un tribut, car le soutien inconditionnel et financier des Etats Unis est un tribut et non une aide. Rien que dans la ville de New York vivent 3 millions de juifs en âge de voter, sans parler de leur puissance financière…Alors tu comprends… »

Georges Habache est le fondateur et ancien secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). De son nom de guerre Al-Hakim, il est né en 1926 dans la ville palestinienne de Lydda rebaptisée Lod par les Israéliens après l’expulsion totale de sa population arabe en 1948. Issu d’une famille de commerçants grecs orthodoxes, il fait une partie de ses études secondaires à Jérusalem puis quitte la Palestine pour aller faire ses études de médecine à l’Université américaine de Beyrouth. En 1948, sa famille est expulsée de Palestine par le groupe terroriste la Haganah qui, avec un autre groupe terroriste, l’Irgoun, était le noyau de la future armée israélienne, pendant la guerre israélo-palestinienne. Retournant vers Lydda pour voir ce qui se passe, il se retrouve au milieu de réfugiés Palestiniens qui cherchent de l’aide et se met à porter secours aux blessés.

Il reprend ses études de médecine à l’Université américaine de Beyrouth et fonde avec Hani el Hindi les Phalanges du Sacrifice, un groupe voué à l’action clandestine contre les dirigeants arabes traîtres ou qui se montrent conciliants avec Israël. Il est diplômé en 1951 et part dans les camps de réfugiés à Amman en Jordanie pour y ouvrir une clinique. Il fonde la même année le Mouvement des nationalistes arabes avec Constantin Zureik, Hani el-Hindi et Wadi Haddad. Il s’agit d’un parti socialiste, nationaliste et panarabe, fortement influencé par le nassérisme et qui a pour but l’unification du monde arabe. En 1952, il crée l’Organisation pour s’opposer à la paix avec Israël. En 1955, il publie aussi avec Wadi Haddad la revue Al Rai. Cette revue interdite quelques mois plus tard, reparaît à Damas dirigée cette fois par un jeune écrivain palestinien, Ghassan Kanafani, futur dirigeant de l’Union des écrivains palestiniens et qui sera assassiné plus tard par le Mossad dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth., qui assurera son succès. L’aile palestinienne du MNA devient en 1967 le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Kanafani en est le porte-parole. Il rédige en 1969 le programme politique du FPLP et c’est par lui que le mouvement devient officiellement marxiste-léniniste.

Habache s’implique en 1957 dans une tentative de coup d’état contre le roi Hussein de Jordanie, principal agent des Etats Unis, avec certains officiers de la garde républicaine jordanienne. Au moment de la création de la République Arabe Unie entre l’Egypte et la Syrie, il s’enfuit vers Damas tandis que Wadi Haddad se fait arrêter et condamner à trois ans de prison.

Le nassérisme est énormément affaibli après l’échec de l’union syro-égyptienne en 1958 et l’arrivée au pouvoir du parti Baath en Syrie. En 1963, Georges Habache crée alors un Commandement régional pour la Palestine qui est la branche militaire du Mouvement des nationalistes arabes avec son ami Haddad à Beyrouth en 1964. Suite à la guerre des six jours en 1967, le nassérisme s’effondre, il fonde alors en fusionnant son mouvement avec le Front de libération de la Palestine d’Ahmed Jibril : le Front populaire de libération de la Palestine. Un mouvement armé, nationaliste et marxiste. Brièvement emprisonné en Syrie en 1968, il arrive à s’échapper de prison.
Le FPLP se rend célèbre par la stratégie des détournements d’avion dont Wadi Haddad, responsable des opérations spéciales de l’organisation, sera le maître d’œuvre. Le but politique est d’internationaliser la question de Palestine et de la porter au devant de l’actualité. Le premier détournement à lieu le 23 juillet 1968 contre un avion de la compagnie israélienne El Al.

En Jordanie il appelle à la chute du régime hachémite jordanien ce qui entraîne l’OLP dans l’affrontement dit de Septembre noir qui fera des milliers de victimes palestiniennes de la part des forces jordaniennes épaulées par les Etats-Unis et Israël.

Le FPLP reste néanmoins basé à Damas et poursuit jusqu’à aujourd’hui sa lutte pour la libération de la Palestine. En 1994, lors du retour de Yasser Arafat et de nombreux militants en Palestine après les accords d’Oslo, invité à en faire de même, Georges Habache avait alors refusé de suivre leur exemple déclarant que lui ne rentrerait en Palestine qu’avec le dernier des réfugiés. Georges Habache démissionne en décembre 2000 de son poste de secrétaire général du FPLP et se fait remplacer par son adjoint Abou Ali Mustafa qui rentré à Ramallah contre l’avis d’Al Hakim s’y fera assassiner par l’armée israélienne quelques mois plus tard.

Georges Habache est resté un homme politique très populaire en Palestine et en dehors surtout parmi les réfugiés pour qui il incarne l’espoir du Retour. Il est apprécié pour son idéologie révolutionnaire, sa détermination et ses principes.
Il meurt le 26 janvier 2008 à Amman (Jordanie).

Dj. B.

http://www.lematindz.net/news/899-georges-habache-si-la-parole-a-besoin-de-laction-laction-na-pas-.html?print

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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