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De l’homme qui fatigua la République par El-Houari Dilmi

4 août 2011

Contributions

De l’homme qui fatigua la République

par El-Houari Dilmi

Ici l’histoire d’une prophétie apocalyptique de Chalachou, arrivé à l’article de la mort le jour même où le soleil se leva enfin à l’Ouest. Par une sorte de mauvais rêve diurne, Chalachou se réveilla au milieu de la nuit pour rédiger sa terrible prédication qu’il placarda aux premières aurores au dos d’un mur décrépi d’une cité abandonnée par ses mendigots, avant de disparaître à jamais mille lieues sous la terre ferme. Voici à une syllabe près le contenu du mystérieux dazibao légué à l’improbable postérité par Chalachou :



«Alors comme ça, il a fallu vivre mes derniers instants pour (ré) apprendre que 132 ans de longue nuit coloniale n’ont pas suffi à changer le peule algérien. Et qu’une fois la lumière recouvrée, des «en-sait-néant» sont venus du lointain Orient pour polluer l’esprit fragile de nos bambins, devenus aujourd’hui de vaillants militants de la «cause», la leur, celle qui voudrait que le meilleur est toujours ailleurs ! Moi Chalachou, je suis né par un jour où les boulangers ne voulurent plus jamais manger de pain, j’adhérai à l’âge de la (dé) raison à un parti politique devenu vieux mais sans jamais prendre de l’âge, ni même pris une seule ride, un traître pli. Même avec une tête de macchabée, des chicots pourris, des cheveux disparus et une peau fripée, mon hiz’b à moi refuse de mourir. Il veut aller au-delà du temps et des âges, à rebours d’une mort biologique pourtant inévitable. J’appris, donc, à mes seuls dépens, que devenir un homme était le plus ingrat des métiers masculins. Devenu «frontiste» sans armes ni galons, je vis le pays revenir à la lumière après une longue nuit noir corbeau. Le pays eut si faim pendant si longtemps qu’il voulut tout manger, tout boire, tout porter sur son dos (sur) vouté. Jusqu’à l’épuisement. Ses «occupants» se sentaient si à l’étroit qu’ils voulurent prendre la terre entière pour un gîte «ultracosmique» et le ciel pour un miroir gigantesque. Dix lustres plus tard, avant de clamser le cœur brisé, Moi Chalachou, je sus que le «front» auquel j’adhérai rendit mes mains calleuses, ma tête teigneuse et mon corps avachi. Noyé vivant dans le marigot des caïmans, on m’appela «le martyr vivant du Front», ouvert à tous les coups permis.

Je découvris, au milieu de ma vie confisquée, le monde rempli que de «vent» : le football. Je jouais du pied droit, dribblais du pied gauche, feintais de mon corps difforme, plongeais avec ma citrouille… tête la première, mais je me réveillais un jour sans pain avec un gros hématome dans le cœur, des poches «éviscérés» et ma caboche de looser pleine de rêves en carton. On m’appela alors le «sacrifié au dos rond». Alors pour terminer mes jours délavés, je voulus m’embarquer à bord du grand vaisseau bleu que mes contemporains infortunés appelaient Ezzerga. Démarrant avec mille et une défaites au compteur, sans même avoir entamé son chemin de «Troie» vers un hypothétique succès, Ezzerga fut rétrogradée au sous-sol du plus terrible des purgatoires. Sur ma tombe encore mouillée, l’on fera planter un écriteau en plastique recyclé avec écrit dessus avec une plume brisée : «ici repose Chalachou, mort d’avoir cru que la politique n’allait jamais un jour fatiguer les organes vitaux de la République !»

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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